L'ex-ministre français de l'Intérieur Brice Hortefeux, très proche du président Nicolas Sarkozy, a été entendu par la police vendredi à sa demande dans un dossier de violation du secret judiciaire lié à une sombre affaire de corruption au Pakistan.

«Brice Hortefeux, comme il l'avait souhaité, a été entendu, ce matin comme témoin, par l'autorité judiciaire. Il a, ainsi, pu préciser et démontrer, en toute transparence, qu'il ne disposait d'aucun élément provenant du dossier de la procédure judiciaire», a-t-il indiqué dans un communiqué.

M. Hortefeux a été entendu dans l'enquête ouverte par le parquet de Paris pour violation de secret professionnel et recel après la divulgation de conversations avec un ex-conseiller de Nicolas Sarkozy, Thierry Gaubert, mis en examen (inculpé) la semaine dernière dans l'affaire pakistanaise potentiellement explosive pour le chef de l'État.

Celle-ci porte sur un circuit de corruption présumé ayant accompagné la vente de sous-marins français au Pakistan.

Les enquêteurs cherchent à vérifier si des mallettes d'argent liquide auraient pu financer en 1994-1995 la campagne présidentielle d'Édouard Balladur, dont Nicolas Sarkozy était à l'époque l'un des plus proches collaborateurs et le porte-parole.

L'accélération de l'enquête doit beaucoup au témoignage de l'épouse de Thierry Gaubert, dont elle est aujourd'hui séparée.

Le 14 septembre, Brice Hortefeux avait téléphoné à Thierry Gaubert pour le prévenir que sa femme «balançait beaucoup» devant le juge chargé de l'enquête, selon le journal Le Monde.

Après sa mise en cause, M. Hortefeux, accusé par l'opposition et des magistrats d'ingérence dans les affaires de justice, avait demandé à être entendu par la justice, niant «catégoriquement avoir eu quelque information issue de la procédure judiciaire en cours».

«Je suis soulagé. Ça permet de préciser et de démontrer un certain nombre de choses. Je rappelle que c'est moi qui ai demandé à être entendu comme témoin», a-t-il dit vendredi à l'AFP.

L'ex-ministre de l'Intérieur devrait également être interrogé sur une autre conversation téléphonique avec Thierry Gaubert, pendant sa garde à vue le 19 septembre.

Ce dossier de corruption présumée gêne d'autant le pouvoir plus la justice se demande s'il n'est pas à lié à l'attentat de mai 2002 à Karachi (sud du Pakistan) dans lequel 15 personnes, dont 11 Français ont été tués.

Les familles des victimes ont déposé plainte contre M. Hortefeux pour «entrave au déroulement des investigations ou à la manifestation de la vérité» et pour «complicité de subornation de témoin».