Les huit partis négociant la formation d'un gouvernement en Belgique ont franchi samedi une nouvelle étape importante vers une sortie de la crise politique dans laquelle se débat le pays depuis des mois, en décidant d'accorder une plus large autonomie aux régions du royaume.

«C'est un pas de géant dans la bonne direction», a déclaré Charles Michel, le président du Mouvement réformateur (MR), le parti libéral francophone, en sortant d'une session de négociation marathon de 18 heures.

La socialiste francophone Laurette Onkelinx a quant à elle salué un accord dessinant une «nouvelle Belgique fédérale».

Dix jours après avoir engrangé un premier accord sur la question symbolique des droits des francophones de la banlieue flamande de Bruxelles, le chef des négociateurs, le socialiste francophone Elio Di Rupo, voit donc s'ouvrir nettement la perspective de former un gouvernement et de devenir premier ministre dans les prochaines semaines.

Depuis les élections législatives du 13 juin 2010, la Belgique est gouvernée par un gouvernement chargé de gérer uniquement les «affaires courantes», la mise en place d'un exécutif de plein exercice étant suspendue à un accord entre partis flamands et francophones sur une réforme des institutions du royaume.

Depuis des mois, les partis néerlandophones réclament une plus large autonomie pour la Flandre (nord), tandis que les francophones exprimaient leurs craintes que cette réforme n'engendre un appauvrissement de Bruxelles et de la Wallonie (sud).

L'accord prévoit que les régions, financées jusqu'à présent par l'État fédéral, lèveront à l'avenir elles-mêmes une partie de l'impôt sur le revenu, à hauteur de quelque 10,7 milliards d'euros par an.

Comme le réclamaient les partis flamands, elles pourront donc, si elles en ont les moyens, diminuer la pression fiscale sur leur territoire. Mais cette marge de manoeuvre sera encadrée, afin de ne pas causer une trop grande concurrence entre régions, comme le souhaitaient les francophones.

Par ailleurs, la région de Bruxelles, en grande difficulté financière, recevra des moyens supplémentaires (134 millions d'euros en 2012, puis 461 millions dès 2015).

Il reste aux négociateurs à définir quelles compétences supplémentaires seront transférées aux régions et à fixer le programme socio-économique du futur gouvernement.