Le parquet de Pérouse, dans le centre de l'Italie, a requis samedi, au cours d'un procès en appel, la réclusion à perpétuité contre la jeune Américaine Amanda Knox, accusée du meurtre en 2007 de sa colocataire, la Britannique Meredith Kercher.

Le procureur Manuela Comodi a également demandé la prison à vie contre Raffaele Sollecito, l'ex-petit ami d'Amanda. Tous deux n'ont jamais cessé de clamer leur innocence.

Le parquet avait fait appel du verdict de première instance prononcé fin 2009 - 26 ans pour Amanda, 25 ans pour Raffaele - et a insisté pendant son réquisitoire sur la fiabilité des analyses d'ADN effectuées sur l'arme du crime, un couteau de cuisine, et une agrafe de soutien-gorge de la victime.

Mme Comodi a d'ailleurs reconstitué devant le public la manière dont les faits s'étaient déroulés, selon elle, tenant d'une main un soutien-gorge et expliquant comment les traces d'ADN s'y étaient trouvées.

Le procureur a réclamé une aggravation des peines décidées en première instance, notamment en arguant des «motifs futiles» ayant abouti à l'homicide de Meredith Kercher, 21 ans.

Cette dernière, une étudiante de l'Université de Leeds venue étudier à Pérouse comme Knox, originaire de Seattle, dans le cadre d'un échange, fut retrouvée le 2 novembre 2007, à demi-nue et la gorge tranchée, dans une mare de sang, dans l'appartement qu'elle partageait avec Knox.

Selon le jugement en première instance, Amanda et Raffaele ont donné à Meredith le coup fatal tandis que Rudy Guédé, un Ivoirien qui purge 16 ans de prison, peine prononcée dans un procès séparé, lui tenait les bras parce qu'elle refusait de participer à des jeux sexuels. Tous étaient sous l'emprise de la drogue et de l'alcool.

Pendant le procès en appel qui a débuté en décembre 2010, des experts indépendants se sont dits sceptiques quant aux résultats des analyses réalisées sur les indices recueillis après le crime. Selon des témoignages, certains échantillons ont été prélevés sans l'usage de gants.

«Même si l'on ne veut pas considérer comme corrects certains éléments, les traces de sang d'Amanda et de Meredith dans la salle de bains, l'empreinte sanglante du pied de Sollecito sur un tapis (...) permettent d'affirmer que les accusés se trouvaient dans la maison au moment du délit et donc qu'ils sont responsables», a ajouté Mme Comodi.

La magistrate a également émis des doutes concernant les conclusions des experts de la défense, jugeant qu'en dehors de leurs connaissances scientifiques, ils n'ont aucune expérience pratique.

«Seriez-vous prêts à confier le mariage de votre fille à un cuisinier qui connaît toutes les recettes, mais n'a jamais préparé un plat?», a-t-elle lancé devant le tribunal.

Le premier procès avait été suivi pas à pas par les médias britanniques et américains, les premiers soutenant la famille de la victime, tandis que les seconds ont pour la plupart pris la défense de la condamnée.

Dans un livre-interview, Amanda a confié ses angoisses, ses désirs de maternité et son rêve de devenir écrivain. Son histoire a en outre inspiré un téléfilm.

Vendredi, un autre procureur avait demandé aux jurés de ne pas se laisser emporter par ces campagnes.

«La campagne médiatique obsessionnelle a conduit tout le monde à se sentir comme les parents d'Amanda Knox», avait estimé Giancarlo Costagliosa, qui leur a demandé plutôt de «se sentir comme les parents de Meredith Kercher», la victime.

La semaine prochaine sera consacrée aux plaidoiries de la défense. Le verdict est attendu pour la fin de la semaine prochaine ou le début de la suivante.