Un ami intime du président français Nicolas Sarkozy, Nicolas Bazire, 54 ans, a été inculpé jeudi dans le cadre d'une enquête sur des faits présumés de corruption liés à un contrat d'armement avec le Pakistan, a-t-on appris de source judiciaire.

Nicolas Bazire a été inculpé de complicité d'abus de biens sociaux et laissé en liberté dans le cadre de cette enquête qui se concentre sur le financement de la campagne présidentielle de l'ex-premier ministre Édouard Balladur en 1995, a-t-on appris de source judiciaire.

Nicolas Bazire était le directeur de la campagne d'Édouard Balladur, qui s'était finalement incliné face à Jacques Chirac, tandis que Nicolas Sarkozy en était le porte-parole.

Son avocat, Jean-Yves Liénard, a réagi en assurant de son «absence totale d'implication» dans ce dossier et ajouté qu'il en était de même pour Nicolas Sarkozy.

La justice française s'intéresse à un circuit de corruption présumé ayant accompagné la vente de sous-marins au Pakistan: à des commissions versées à des décideurs, légales à cette époque, se seraient ajoutées des «rétrocommissions» par lesquelles une partie des sommes revenait illégalement en France.

Les enquêteurs cherchent à vérifier si le pactole ainsi constitué aurait pu financer en 1994-1995 la campagne d'Édouard Balladur.

Nicolas Bazire, qui est actuellement l'un des principaux dirigeants du géant du luxe LVMH, est un ami intime du président français. Il avait été son témoin de mariage en 2008, lorsqu'il avait épousé la chanteuse et ex-mannequin Carla Bruni.

La veille, les juges chargés de l'enquête ont mis en examen un autre proche de Nicolas Sarkozy, Thierry Gaubert. Ce conseiller en communication a été inculpé de recel d'abus de biens sociaux.

Les enquêteurs s'intéressent aux liens éventuels de Thierry Gaubert avec l'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine, présenté comme intermédiaire dans deux contrats d'armement avec le Pakistan et avec l'Arabie saoudite. Il avait été mis en examen le 14 septembre pour «complicité et recel d'abus de biens sociaux».

Le nom de Nicolas Bazire a été cité devant le juge par plusieurs témoins selon lesquels il avait un coffre-fort dans son bureau pour y entreposer de «grosses sommes» pendant la campagne de 1995.

Selon un autre témoignage, celui d'Hélène Gaubert, c'est son mari Thierry Gaubert qui accompagnait en Suisse Ziad Takieddine pour aller chercher des valises «volumineuses de billets». Et, toujours selon elle, c'est M. Bazire qui récupérait ces «mallettes» en France.

L'Élysée nie tout lien

La présidence française a démenti jeudi tout lien entre Nicolas Sarkozy et le financement de la campagne électorale en 1995 de l'ex-premier ministre Édouard Balladur, dont il était l'un des plus proches collaborateurs, après l'inculpation de deux de ses amis.

Dans un communiqué, l'Élysée a assuré que Nicolas Sarkozy n'avait «jamais exercé la moindre responsabilité dans le financement de cette campagne», dont il était le porte-parole et qui aurait pu, selon l'enquête de justice, être financée via un circuit de corruption ayant accompagné un contrat d'armement au Pakistan.

«M. Nicolas Sarkozy n'a jamais dirigé la campagne de M. Édouard Balladur. Il n'a jamais exercé la moindre responsabilité dans le financement de cette campagne. Il en était le porte-parole», dit la présidence française dans son communiqué.

«S'agissant de l'affaire dite de Karachi, le nom du chef de l'État n'apparaît dans aucun des éléments du dossier», affirme-t-elle dans un communiqué.

«Il n'a été cité par aucun témoin ou acteur de ce dossier. Il y est donc totalement étranger d'autant plus qu'à l'époque où il était ministre du Budget, il avait manifesté son hostilité à ce contrat comme cela apparaît dans les pièces de la procédure», a ajouté l'Élysée.

«Tout le reste n'est que calomnie et manipulation politicienne», a conclu la présidence française.