Les ténors du Parti socialiste français, François Hollande et Martine Aubry en tête, s'affrontent jeudi soir dans un débat télévisé considéré comme décisif pour la désignation du candidat qui défiera Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle du printemps prochain.

Expliquer leurs projets et se démarquer, sans se déchirer: les deux principaux postulants et les quatre négligés seront réunis à partir de 20h35 (14h35, heure de Montréal) sur la chaîne publique France 2 pour le premier débat (sur trois prévus) avant la primaire (inspirée de la politique américaine), inédite en France, qui se tiendra en deux tours les 9 et 16 octobre.

Réunis en arc de cercle, debout derrière des pupitres, les prétendants à l'investiture du PS auront deux heures pour convaincre: après de brèves présentations et professions de foi, chacun des candidats passera un grand oral, répondant aux questions de trois journalistes. Les 50 dernières minutes seront consacrées au débat proprement dit.

L'objectif est d'apporter aux Français «des clarifications» quant aux positions des différents candidats, a expliqué le porte-parole du PS Benoît Hamon.

Car ce scrutin, contrairement à celui de 2007 réservé aux seuls militants socialistes, sera ouvert à tous les sympathisants de gauche.

Selon un sondage de l'institut LH2, un tiers des Français pourrait participer à la primaire et 18% sont même certains d'aller voter, soit environ 8 millions d'électeurs.

Les responsables socialistes ne se risquent pas à un tel pronostic. Ils espèrent un million d'électeurs, et estiment que ce chiffre suffirait à créer une dynamique autour du candidat socialiste face à Nicolas Sarkozy, très probable candidat à sa propre succession.

À trois semaines du scrutin, François Hollande, 57 ans, fait la course en tête. Député de Corrèze (centre de la France) et chef du PS pendant 11 ans, il a pris la place de favori et récupéré le créneau de la crédibilité économique face à la crise, après la mise hors course de Dominique Strauss-Kahn.

Il devance de 13 points sa principale rivale Martine Aubry, 61 ans, dans la course des primaires, selon le tout dernier sondage publié jeudi.

La chef du PS, qui compte sur ce débat pour rattraper son retard, a lancé ses premières piques jeudi dans le journal gratuit Direct-matin, défendant son expérience au sein de plusieurs gouvernements et à la tête d'une grande ville: «Les Français me connaissent (...). Quand ça tangue, je tiens la barre», a-t-elle dit, estimant notamment ses propositions sur l'Éducation «plus ambitieuses» que celles de François Hollande.

Crise économique, jeunesse, emploi et sécurité sont les grands thèmes sur lesquels devaient s'affronter les candidats.

Face à la crise de la dette, les principaux postulants socialistes se sont ralliés à la nécessité de gérer rigoureusement les deniers publics. Le PS propose néanmoins un retour à la retraite à 60 ans (contre 62 ans) et la création d'emplois subventionnés pour les jeunes.

Un programme dont s'est très clairement démarqué Manuel Valls, qui représente l'aile droite du parti et a promis un débat «animé».

À la gauche de l'échiquier, Arnaud Montebourg va faire entendre sa différence en plaidant pour la «démondialisation».

Se disant «très en forme», la candidate malheureuse du PS face à Nicolas Sarkozy en 2007, Ségolène Royal, veut faire mentir les sondages qui la donnent largement distancée par les deux favoris.

Elle a tiré ses premières salves la semaine dernière en attaquant le favori de la primaire, qui est aussi son ancien compagnon: «Est-ce que les Français peuvent citer une seule chose qu'il aurait réalisée en trente ans de vie politique?», a-t-elle interrogé, à propos de François Hollande.

Quant au sixième candidat, le président du Parti radical de gauche, Jean-Michel Baylet, il est le seul non-socialiste de la primaire.