L'ex-premier ministre Dominique de Villepin, ennemi de longue date de Nicolas Sarkozy, voit se dégager la route vers le scrutin présidentiel de 2012.

La Cour d'appel de Paris a conclu hier que Villepin ne s'était pas rendu coupable de «complicité de dénonciation calomnieuse» dans l'affaire Clearstream, ce qui confirme la décision rendue en première instance l'année dernière.

«Après six années d'un acharnement sans précédent, après six années d'épreuves pour ma famille, la justice a reconnu pour la deuxième fois mon innocence. Je veux saluer l'indépendance de notre justice, qui a su résister aux pressions politiques», a déclaré Villepin en quittant le tribunal.

Sans vouloir dire s'il sera candidat à l'élection présidentielle, il a affirmé qu'il est «plus déterminé que jamais à servir les Français».

La décision du tribunal, qui peut encore être portée en appel, s'inscrit dans une affaire complexe déclenchée par l'envoi en 2004 à un juge d'instruction de listes de comptes bancaires occultes supposément utilisés par plusieurs personnalités françaises pour faire transiter des commissions illégales.

Le magistrat avait conclu que les listes avaient été falsifiées, ce qui a entraîné Dominique de Villepin dans ce procès pour dénonciation calomnieuse.

Droite divisée

Nicolas Sarkozy, dont le nom figurait dans les listes, s'est porté partie civile dans l'affaire, disant être victime d'une manoeuvre cautionnée par Villepin et l'ex-président Jacques Chirac pour bloquer son ascension.

La Cour d'appel estime qu'il n'a pas été démontré que Dominique de Villepin avait eu connaissance de la falsification des listes ni qu'il avait sciemment laissé l'affaire aller de l'avant.

L'entrée éventuelle dans la campagne présidentielle de l'ex-premier ministre, qui s'est surtout fait connaître à l'étranger par sa sortie aux Nations unies contre l'intervention en Irak, constitue une mauvaise nouvelle pour Sarkozy.

Le président cherche à limiter le nombre d'opposants à droite, car il craint de se voir évincer dès le premier tour en raison de la division du vote. Le candidat socialiste Lionel Jospin avait été devancé par le Front national lors de l'élection présidentielle de 2002.

Affaire Bourgi

Bien qu'il semble devoir échapper à l'affaire Clearstream, il est loin d'être certain que Dominique de Villepin dispose des ressources ou de l'appui populaire requis pour peser véritablement dans le scrutin de 2012. Les plus récents sondages lui attribuent 4% des voix au premier tour.

Il pourrait connaître par ailleurs de nouveaux démêlés judiciaires à la suite des révélations de Robert Bourgi. Cet intermédiaire officieux de l'Élysée affirme avoir versé plusieurs millions d'euros à l'ex-premier ministre et à Jacques Chirac au nom de plusieurs potentats africains. Une enquête préliminaire vient d'être ouverte par le parquet de Paris.

L'ex-premier ministre affirme qu'il s'agit d'une nouvelle manoeuvre orchestrée par l'Élysée pour lui mettre des bâtons dans les roues.