Reporté en mars en raison d'une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) finalement rejetée, le procès de Jacques Chirac s'ouvre lundi. Sauf coup de théâtre, notamment lié à son état de santé, l'ancien président de la République devrait assister à certaines audiences, notamment celles de mardi.

La question de sa santé reste cruciale à trois jours de l'ouverture de son procès. Lors de ses dernières apparitions publiques, M. Chirac, âgé de 78 ans, est apparu ou fatigué, voire diminué, ou ragaillardi, mais quelque peu incontrôlable.

Comme en juin où, assistant à l'inauguration d'une exposition en Corrèze, son ancien fief, il affirme qu'il votera pour François Hollande si l'ex-premier secrétaire du Parti socialiste et député du département se présente à l'élection présidentielle de 2012. Ce que son entourage a immédiatement qualifié «d'humour corrézien» pour désamorcer le léger trouble qui a saisi la majorité présidentielle.

En janvier, son épouse a démenti les rumeurs selon lesquelles il était atteint de la maladie d'Alzheimer, reconnaissant cependant qu'il souffrait d'un certain nombre de troubles liés soit à son accident vasculaire cérébral, soit au processus normal de vieillissement.

Lors du premier procès, ses avocats avaient obtenu du tribunal qu'il n'assiste qu'à la seconde journée d'audience et évite toute rencontre avec les caméras et photographes. Ce qui sera à nouveau probablement le cas cette fois-ci. Le 29 juin, lors de l'audience de la 11e chambre fixant les nouvelles dates du procès, l'un de ses avocats, Me Georges Kiejman, a affirmé qu'il viendrait «certainement aux premières audiences», ajoutant: «quand sa présence ne sera pas nécessaire, il est néanmoins évident qu'il ne viendra pas».

Chef de l'État de 1995 à 2007, M. Chirac est poursuivi en sa double qualité de maire de Paris (1977-1995) et président de l'ex-Rassemblement pour la République (RPR) dans deux affaires d'emplois présumés fictifs. Il est soupçonné d'avoir avalisé les contrats de personnes salariées par la Ville de Paris travaillant pour le compte du parti gaulliste ou ayant bénéficié d'un emploi de complaisance.

Dans le volet parisien, il est mis en examen pour détournement de fonds public et abus de confiance. Neuf autres personnes sont poursuivies à ses côtés. Dans celui de Nanterre, il est poursuivi pour prise illégale d'intérêts et encourt théoriquement dix ans d'emprisonnement et 150 000 euros d'amende.

Au total, 27 emplois présumés fictifs, un étant commun aux deux dossiers, sont reprochés à l'ancien chef d'État qui a toujours récusé l'idée d'un «système» ou de «pratique organisée», préférant évoquer des «cas individuels».