Le chef du gouvernement socialiste espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, a annoncé vendredi des élections législatives anticipées le 20 novembre, bousculé par un contexte économique difficile, un chômage record et des pressions jusque dans son propre parti.

Les élections, prévues en mars 2012, «auront lieu le 20 novembre», a déclaré M. Zapatero, assurant avoir mené à bien sa mission de remettre sur les rails l'économie du pays. «C'était le choix naturel, raisonnable», a-t-il dit.

Ce scrutin était réclamé avec insistance par le Parti populaire (PP), la principale formation de droite, en particulier depuis la débâcle socialiste aux élections régionales du 22 mai.

De hauts responsables socialistes ont penché dans le même sens y compris, selon les médias, le candidat aux élections Alfredo Perez Rubalcaba, alors que M. Zapatero plaidait pour achever la législature coûte que coûte.

Le chef du gouvernement, qui ne se représentera pas, a profité de la conférence de presse où il dressait le bilan du premier semestre 2011 pour annoncer ces élections, après avoir déclaré que «le gouvernement a rempli une bonne partie des objectifs de la deuxième partie du mandat».

«Dans un contexte toujours compliqué, l'économie montre des signes positifs... Nous avons posé les bases de la reprise», a-t-il affirmé, alors que l'économie espagnole a légèrement crû au premier trimestre (0,3%), mais souffre encore d'un chômage endémique.

«Pour cette raison, c'est le moment d'annoncer le calendrier des prochaines élections», «au nom de l'intérêt général», a-t-il dit, donnant la tonalité d'une campagne qui sera axée sur l'économie, socialistes et conservateurs ayant annoncé qu'ils feraient de l'emploi leur priorité.

«Cette date nous permet de terminer des choses essentielles comme la réduction du déficit», a ajouté M. Zapatero, en promettant de remplir «tous ses engagements afin de mener à bien la reprise économique».

Selon les chiffres annoncés vendredi même, 20,89% des Espagnols sont au chômage, un léger mieux, mais toujours un record parmi les pays industrialisés. La tendance à la hausse se poursuit chez les 16-24 ans, dont 46,1% sont sans travail.

Et alors que l'économie du pays peine à sortir de la crise, un nouveau coup de semonce est venu vendredi de l'agence de notation Moody's, qui envisage d'abaisser la note de la dette souveraine de l'Espagne, actuellement à «Aa2», évoquant la difficulté du gouvernement à appliquer une rigueur budgétaire du fait d'un «environnement de faible croissance».

Selon le calendrier annoncé vendredi, le prochain gouvernement pourra être en place «à partir du 1er janvier pour s'atteler à l'année économique 2012», a souligné M. Zapatero.

Le chef du PP, Mariano Rajoy, 56 ans, favori des sondages pour lui succéder, a estimé qu'une «tâche très difficile» se profilait. Il a annoncé, s'il est élu, «de nouvelles mesures d'austérité», ajoutant que l'emploi serait sa priorité.

M. Rubalcaba a lui annoncé un programme en quatre points, avec en tête «la création d'emplois, parce que c'est ce dont l'Espagne a besoin de manière urgente», puis le retour à une économie «saine et compétitive», le «renforcement de l'égalité des chances» et «des réformes démocratiques, répondant à une demande sociale».

M. Zapatero, 50 ans, arrivé au pouvoir en 2004 par surprise dans la foulée des attentats islamistes de Madrid, réélu en 2008, avait annoncé en avril qu'il ne se représenterait pas.

Alors que le PP était largement en tête dans les sondages depuis plusieurs mois, l'écart a semblé se resserrer depuis la désignation de M. Rubalcaba, 60 ans, comme chef de file socialiste.

Selon le sondage mensuel publié mercredi par le Centre d'enquêtes sociologiques, les socialistes recueillent 36% des intentions de vote contre 43,1% aux conservateurs, soit un écart réduit de 3,3 points par rapport à la précédente enquête.