Goran Hadzic, ancien responsable des Serbes de Croatie pendant la guerre de 1991-95 arrêté mercredi en Serbie, a comparu devant le Tribunal spécial serbe pour les crimes de guerre, à Belgrade, a constaté l'AFP.

Des journalistes ont aperçu mercredi en début d'après-midi Goran Hadzic, qui était le dernier inculpé du Tribunal pénal pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) encore en cavale, entrer dans les locaux du tribunal spécial serbe.

Goran Hadzic, vêtu notamment d'un tee-shirt, est apparu aux journalistes grossi et quasiment chauve, changé par rapport aux dernières photos connues de lui, qui représentaient un homme au visage allongé.

Il avait disparu depuis juillet 2004 à Novi Sad (nord), où il résidait, quelques heures après que les autorités serbes eurent reçu l'acte d'accusation du TPIY le concernant.

Goran Hadzic doit répondre de quatorze chefs de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité pour son implication présumée dans les meurtres de centaines de civils croates et la déportation de dizaines de milliers de Croates et autres non serbes par les troupes serbes durant la guerre de Croatie (1991-1995).

Son inculpation mentionne de manière spécifique sa responsabilité dans le massacre de l'hôpital de Vukovar, au cours duquel quelque 250 Croates et autres non serbes ont été tués.

Le délai maximum pour transférer Goran Hadzic vers La Haye est d'une semaine, à compter de sa comparution devant le Tribunal serbe pour les crimes de guerre, selon les dispositions de la loi serbe.

Hadzic était armé

Lors de son arrestation, Goran Hadzic était armé d'un pistolet, mais n'a pas résisté, a indiqué le procureur serbe pour les crimes de guerre, Vladimir Vukcevic.

«Il était armé. Il avait un pistolet, mais il n'a pas tenté de résister», a déclaré le procureur lors d'une conférence de presse.

«Goran Hadzic a été arrêté à huit heures vingt-quatre (2h24, heure de Montréal) dans la forêt à côté du village de Krusedol», dans la région de la Fruska Gora, connue pour ses monastères orthodoxes à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Belgrade, a poursuivi M. Vukcevic.

«Un contact qui lui apportait de l'argent a également été interpellé. Il avait des contacts avec des personnes de l'Église orthodoxe serbe», a indiqué M. Vukcevic.

«Il avait l'intention de quitter la Serbie», a précisé le procureur, en indiquant qu'en coordination avec les services de renseignement d'autres pays, qu'il n'a pas nommés, les autorités serbes avaient «empêché la possibilité qu'il ne passe sur le territoire d'un autre pays».

Le TPIY salue la prise d'Hadzic

Le procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), Serge Brammertz, a salué mercredi l'arrestation de Goran Hadzic, dernier fugitif réclamé par le tribunal, et indiqué s'attendre à son arrivée à La Haye d'ici «trois à huit jours».

«Nous pouvons à présent affirmer qu'aucune des personnes mises en accusation par le tribunal n'a échappé à la justice», a déclaré à l'AFP par téléphone le procureur Serge Brammertz.

«Il y a plusieurs éléments de procédure en Serbie (avant qu'il soit transféré à La Haye, ndlr) et cela peut prendre je dirais de trois à huit jours», a ajouté le procureur.

Le TPIY a retenu contre Goran Hadzic, qui était en cavale depuis 2004, pas moins de quatorze chefs d'accusation de crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

La justice internationale lui reproche son implication présumée dans les meurtres de centaines de civils croates et la déportation de dizaines de milliers de Croates et autres non serbes par les troupes serbes pendant la guerre de Croatie (1991-1995).

Les arrangements pratiques pour assurer la venue de M. Hadzic à La Haye, sont «en cours», a de son côté assuré Frédérick Swinnen, le conseiller spécial du procureur.

Goran Hadzic a été l'éphémère «président» de la «République serbe de Krajina» pendant la guerre en Croatie, qui représentait un tiers environ du territoire de la Croatie.

Le nom de M. Hadzic est notamment lié au massacre de l'hôpital de Vukovar (est de la Croatie), en novembre 1991, au cours duquel 264 civils, Croates et autres non serbes, qui s'y étaient réfugiés avaient été exécutés par les forces serbes après avoir été battus et torturés.

Bien que Goran Hadzic soit une personnalité de second plan par rapport à Mladic ou encore Radovan Karadzic, l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie, arrêté à Belgrade en juillet 2008, son arrestation est la dernière que réclamait le tribunal de la Haye.

«Il n'y a plus de fugitifs, cela veut dire que nous allons pouvoir nous concentrer sur les procès en cours, celui à venir de Ratko Mladic ou celui de Radovan Karadzic», a précisé le procureur Serge Brammertz.

La Serbie peut désormais se targuer d'avoir arrêté 44 personnes réclamées par le TPIY, un point qu'elle ne manquera pas de mettre en avant pour promouvoir ses perspectives européennes.

Mais, a soutenu M. Brammertz, «il ne faut pas donner l'impression que le chapitre des guerres en ex-Yougoslavie est refermé, il y a encore des centaines de procédures en cours, surtout en Bosnie».

L'Union européenne a salué mercredi l'arrestation de M. Hadzic, y voyant un «pas important» de Belgrade vers l'adhésion à l'UE et demandant le transfèrement «sans délai» de Goran Hadzic au TPIY à La Haye.

Le président par intérim du TPIY, le juge O-Gon Kwon, a de son côté estimé que l'arrestation de M. Hadzic «rapproche» le TPIY «de l'achèvement avec succès de son mandat».