Les mots «Nous sommes désolés» et les excuses de Rupert Murdoch occupaient une page entière dans sept journaux britanniques samedi. Une preuve que le magnat de la presse australo-britannique essaie de freiner le scandale des écoutes téléphoniques à coups de gestes compensatoires et de promesses de réparer les torts commis par son défunt tabloïd, le News of The World.

Au même moment, la relation de proximité qu'entretiennent le gouvernement conservateur de David Cameron et la police de Londres avec l'empire de Rupert Murdoch soulève de nombreux questionnements.

M. Cameron a été placé sous la sellette samedi quand des documents du gouvernement ont été dévoilés. Ceux-ci indiquent que les gestionnaires de l'empire Murdoch ont rencontré le premier ministre à 26 reprises depuis qu'il a été élu en mai 2010. M. Cameron a également été invité à la maison de campagne de Rupert Murdoch. Des supérieurs de la police entretenaient également des liens étroits avec les dirigeants de l'empire de presse. L'un deux, qui avait été engagé à titre de consultant, a été arrêté dans le coup de filet qui a suivi la mise à jour du scandale d'écoute téléphonique et de corruption policière qui ébranle la compagnie News Corp, que Rupert Murdoch possède.

Rupert Murdoch tente difficilement de contenir le scandale, qui l'a déjà forcé à mettre fin aux activités du tabloïd News of The World, publié depuis 168 ans, et à renoncer au rachat de la totalité du bouquet satellite BskyB. Les actifs que possède de News Corp ont été réduits de plusieurs milliards et deux des principaux gestionnaires de M. Murdoch ont perdu leur emploi. Ainsi, la directrice générale de la division britannique, Rebekah Brooks, et l'éditeur du Wall Street Journal, Les Hinton, ont été démis de leurs fonctions.

Dans la publicité de News Corp diffusée samedi, les mots «We are sorry» servent d'en-tête à une lettre d'excuses signées par Rupert Murdoch, qui se désole «des torts qui ont été commis».

«Nous sommes profondément désolés pour les souffrances subies par les personnes concernées. Nous regrettons de ne pas avoir agi plus vite pour réparer les dégâts», ajoute-t-il.

Un titre de la Une d'un journal appartenant à M. Murdoch, le Times, fait référence à une journée d'«expiation et de réparation des dommages».

La compagnie prévoit placer davantage d'annonces dans les journaux au cours des prochains jours, afin d'y présenter les prochaines étapes de sa nouvelle stratégie. Ces remords exprimés en public ont commencé à faire leur apparition après que News Corp eut engagé, la semaine dernière, la firme de relations publiques Edelman Communications afin qu'elle aide la compagnie à améliorer ses relations avec la population et à faire du lobbying.

La collaboration avec la firme a coïncidé avec un changement de ton radical au sein de News Corp. Pas plus tard que mardi dernier, le Wall Street Journal a cité Rupert Murdoch, qui qualifiait sa gestion de la crise d'«extrêmement bonne sur tous les aspects» et qui admettait être «dérangé» par les manchettes négatives.