La chambre haute du Parlement allemand (Bundesrat) a entériné vendredi à son tour la loi faisant de l'Allemagne la plus grande puissance économique à ce jour à renoncer à l'atome.

Comme à la chambre basse (Bundestag) il y a quelques jours, une écrasante majorité des représentants des États régionaux ont voté en faveur du texte qui prévoit que l'exploitation du dernier réacteur nucléaire sera stoppée au plus tard en 2022.

Les sept réacteurs les plus anciens du parc nucléaire allemand, qui en compte 17 avaient été arrêtés quelques jours après le déclenchement de la catastrophe à la centrale japonaise de Fukushima, provoquée par le tremblement de terre suivi d'un tsunami du 11 mars.

Ils ne seront pas rebranchés sur le réseau d'approvisionnement allemand. Un huitième réacteur, sujet à des pannes à répétition, ne sera lui non plus pas réactivé.

Les neuf réacteurs restants seront progressivement arrêtés entre 2015 et 2022.

L'Allemagne revient donc à la situation qui prévalait en 2000, quand les sociaux-démocrates et les Verts au pouvoir avaient déjà décidé l'abandon de l'énergie nucléaire.

Ce calendrier avait été abandonné par la coalition conservateurs/libéraux malgré une opinion publique profondément hostile à l'atome civil, comme prévu lors de la campagne des législatives qui a donné à l'automne 2009 un deuxième mandat à la chancelière Angela Merkel.

Cette décision avait provoqué un brusque regain d'intérêt pour la cause antinucléaire en Allemagne, se traduisant par des manifestations massives dans les grandes villes du pays.

Ce changement radical de cap a pesé sur la crédibilité de la chancelière et de son parti Union chrétienne-démocrate (CDU) et leur a coûté une cuisante défaite lors d'élections dans l'État régional très riche du Bade-Wurtemberg, qu'ils dirigeaient depuis 58 ans sans discontinuer.

Le Bundesrat a adopté une série de mesures complémentaires, comme la construction de nouvelles centrales thermiques au charbon et au gaz qui doivent permettre de combler le manque à gagner énergétique. Pour l'heure, environ 22% de l'électricité est nucléaire en Allemagne.

L'énergie éolienne sera elle aussi encouragée, avec pour objectif de porter la part des renouvelables à 35% de la consommation totale d'ici 2020, soit près du double d'aujourd'hui.

Il s'agit d'une condition impérative si Berlin veut atteindre ses engagements climatiques. L'Allemagne espère réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40% en 2020 par rapport au niveau de 1990, et de 80 à 95% d'ici 2050.