Des milliers d'écoles sont restées fermées et l'activité de nombreux tribunaux et centres pour l'emploi a été perturbée jeudi au Royaume-Uni, en raison d'une grève contre la réforme des retraites du public, principal conflit social depuis l'arrivée au pouvoir de David Cameron.

Quatre syndicats avaient appelé 600 000 enseignants et membres du secteur public à cesser le travail, soit le plus gros mouvement depuis 2006, quand un million de travailleurs municipaux avaient fait grève pour défendre -déjà- leurs retraites.

Plusieurs centaines de milliers de personnes ont répondu jeudi à l'appel des syndicats, selon des sources syndicales.

Environ 80% des établissements scolaires publics sont restés portes closes ou ont été partiellement fermés en Angleterre et au Pays de Galles, a affirmé l'Association des professeurs et enseignants du supérieur (ATL), tandis que le gouvernement avançait le chiffre d'au moins 50% des écoles, collèges et lycées perturbés en Angleterre.

L'arrêt de travail d'une partie du personnel des douanes et des contrôles d'immigration n'a lui pas eu d'incidence notable sur le fonctionnement des ports, gares et aéroports internationaux.

Le mouvement a surtout valeur d'avertissement pour le gouvernement du conservateur David Cameron, au pouvoir depuis mai 2010 et en pleines négociations sur les retraites.

Mais il pourrait rebondir à l'automne, si Unison, le premier syndicat de la fonction publique avec 1,3 million de membres, met à exécution sa menace d'organiser la «plus grande grève depuis 1926».

Le syndicat ne s'est pas joint au mouvement jeudi, préférant attendre l'issue des négociations prévues en juillet sur la réforme des retraites.

Tirza Waisel, assistante sociale de 51 ans, le déplore: «C'était le moment de faire pression, en pleine négociation. On souffre déjà des coupes budgétaires, et on va souffrir encore plus, comme en Grèce. On est plus réservés ici, mais c'est la même cause.»

Des manifestations ont été organisées jeudi dans des dizaines de villes du pays. À Londres, le défilé a rassemblé quelque 20 000 personnes selon les syndicats, dans une ambiance bon enfant et sans débordement, contrairement aux manifestations étudiantes de novembre et décembre.

Des piquets de grève sont aussi apparus devant des tribunaux, bâtiments gouvernementaux ou administratifs et centres pour l'emploi.

«C'est ma première grève», a expliqué Tom Martyn, 25 ans, à l'entrée du British Museum où il est agent d'accueil. «Vous savez, on n'est pas très militants au Royaume-Uni, mais cette réforme va vraiment pénaliser la jeune génération.»

Déjà confrontés à un gel des salaires et à la suppression de 300 000 postes d'ici 2015, fonctionnaires et enseignants s'opposent au projet de repousser l'âge de leur retraite à 66 ans en 2020 (contre 60 ans pour la plupart actuellement) et d'augmenter de 3,2 points de pourcentage leurs cotisations.

«Faire face à une trentaine d'enfants ou d'adolescents, c'est vraiment dur à 65 ans», souligne Peter Daly, 47 ans, enseignant dans un quartier difficile de Londres.

Le gouvernement a jugé, lui, ce conflit «inutile et prématuré» et souligné que sans réforme, le système des retraites risquait de «s'effondrer».

Il a aussi minimisé la participation, tablant sur l'impopularité de la grève dans un pays où la contestation sociale est rare et «où l'opinion voit d'un mauvais oeil tout ce qui perturbe la vie des gens qui travaillent dur», selon les termes du ministre de l'Éducation Michael Gove.

Le chef de l'opposition, Ed Miliband, réputé proche des syndicats, s'est d'ailleurs désolidarisé de ce mouvement, tout en condamnant la façon dont les autorités géraient ce dossier.