Le ministre français du Budget, François Baroin, a été nommé mercredi à l'Économie, en remplacement de Christine Largarde qui prend la tête du FMI, dans le cadre d'un remaniement plus large qu'attendu pour constituer une équipe de combat à moins d'un an de la présidentielle.

Nicolas Sarkozy a choisi un gouvernement d'ouverture à droite, prenant soin d'accorder une bonne place aux centristes dont les velléités d'indépendance pourraient l'affaiblir au premier tour de la présidentielle d'avril 2012.

Dans le cadre de ce remaniement, François Baroin est remplacé au Budget par sa collègue de l'Enseignement supérieur Valérie Pécresse, une fidèle de Nicolas Sarkozy qui reprend également les fonctions de porte-parole du gouvernement.

Le portefeuille de ministre des Affaires européennes passe par ailleurs des mains de Laurent Wauquiez - qui prend la place de Valérie Pécresse - à celles de Jean Léonetti, un député centriste dont l'entrée au gouvernement fait figure de prise de guerre.

François Baroin, 46 ans, qui représentait le camp des proches de l'ancien président Jacques Chirac au sein de la majorité de droite, jugeait légitime de récupérer le super-ministère de Christine Lagarde, étant déjà familier des dossiers fiscaux.

Ses adversaires avaient tenté de le torpiller en dénonçant notamment son piètre niveau d'anglais, dont la maîtrise est jugée indispensable dans la finance internationale en pleine gestion de la crise grecque et alors que la France assure la double présidence du G8 et du G20.

Il a su convaincre et évincer son principal concurrent, le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire, sollicité pour organiser la campagne présidentielle.

Ce remaniement a aussi été l'occasion de pourvoir le portefeuille de la Fonction publique, accordé au centriste François Sauvadet. Le fauteuil était vacant depuis la démission fin mai du secrétaire d'État George Tron, inculpé pour viol et agression sexuelle.

Un troisième centriste fait son entrée au gouvernement: le député Marc Laffineur, nommé secrétaire d'État à la Défense, en charge des anciens combattants.

Ce remaniement voit une création de poste avec l'arrivée de l'ex-champion olympique de judo David Douillet comme secrétaire d'État aux Affaires étrangères en charge des Français de l'étranger.

À dix mois de la présidentielle, ce réaménagement apparaît comme le dernier changement d'ampleur avant le lancement officiel d'une campagne qui a, de fait, démarré cette semaine avec l'entrée en lice de la patronne du Parti socialiste Martine Aubry et une conférence de presse-bilan du président sortant.

Si Nicolas Sarkozy n'a pas encore officialisé sa candidature, il apparaît comme le champion naturel de la droite et avoue y «penser».

Longtemps malmené dans les sondages et donné battu par l'ex-patron du FMI Dominique Strauss-Kahn, il a vu son avenir s'éclaircir après la chute du socialiste français, inculpé à New York pour agression sexuelle.

S'il est encore devancé par Martine Aubry ou François Hollande, ex-patron du PS et candidat déclaré, l'écart se resserre et le président sortant peaufine désormais une image de dirigeant responsable, au dessus de la mêlée.

Lors d'une conférence de presse lundi, il a vanté un bilan économique tourné «vers l'avenir». Posé, technique dans ses réponses, alors que ses détracteurs l'ont souvent qualifié d'«agité» et d'«impulsif», Nicolas Sarkozy s'est visiblement attaché à se débarasser de l'image de dirigeant «bling bling» du début de son mandat, soignant sa stature internationale - il revendique un rôle moteur dans la mobilisation européenne pour sauver la Grèce.

Au plan intérieur, après avoir ouvert son gouvernement à des personnalités venues de la gauche, le président avait initié l'été dernier un franc virage à droite, liant notamment les questions d'immigration et de sécurité à travers la question des Roms.