Le centre d'Athènes ressemblait mercredi soir à un champ de bataille, après des heures d'affrontements entre police et quelques centaines de fauteurs de troubles qui protestaient contre le vote au parlement d'un nouveau plan d'austérité.

En milieu de soirée, les rues convergeant vers la place Syntagma, en contrebas du parlement, centre des protestations, étaient jonchées de morceaux de marbre et de barres de bois, utilisés comme projectiles contre les policiers, et d'éclats de verre provenant des abris d'autobus saccagés.

Les façades de quatre agences bancaires, et celle de la poste centrale de la ville, au bas de la place, étaient noircies par des incendies allumés plus tôt, quand les cocktails Molotov volaient en riposte aux gaz lacrymogènes dont les forces anti-émeutes ont noyé la place.

Le ministère de la Santé chiffrait dans la soirée à une centaine les citoyens le nombre de personnes qui ont reçu des premiers soins dans les hôpitaux pour des blessures à la tête, ou des problèmes respiratoires et ophtalmologiques. Trente-et-un policiers ont été hospitalisés, et la police a annoncé 11 arrestations.

Un député socialiste qui avait voté pour le plan après s'y être opposé pendant des semaines a été frappé à coup de bouteilles d'eau et arrosé par des manifestants, dans une rue proche du parlement.

Des déflagrations de grenades assourdissantes utilisées par la police ont longtemps continué à retentir alors que des dizaines de jeunes, le visage masqué, poursuivaient leur harcèlement des forces de l'ordre dans le bas de la place, devant le ministère des Finances.

Quelques centaines de manifestants et d'«indignés», des protestataires campant sur la place depuis fin mai, s'étaient pour leur part réfugiés vers 19h00 GMT dans la station de métro Syntagma, où la police les refoulait régulièrement, les faisant suffoquer sous l'effet de gaz lacrymogènes.

À cette heure, les forces anti-émeutes n'avaient toutefois pas déclenché de charge généralisée pour évacuer la place.

De la fumée continuait de s'échapper de poubelles brûlées et de chaises de bureau utilisées comme barricades. Les fauteurs de troubles, chiffrés entre 500 et 600 par la police, se sont aussi acharnés contre les vitrines de magasins non-protégées par des volets de fer, les feux de circulation, et au moins deux agences bancaires dont les rideaux de fer ont été forcés.

Au fur et à mesure que les forces anti-émeutes repoussaient les contestataires des abords de la place, des équipes de pompiers ont aussi vérifié que personne n'était piégé par des flammes. Le 5 mai 2010, un incendie criminel en marge d'une manifestation géante contre le lancement de l'austérité avait coûté la vie à trois employés de banque.

Casqués et cagoulés, les fauteurs de trouble, en majorité des jeunes, ont tenu en haleine pendant des heures un dispositif pourtant impressionnant, de quelque 4.000 policiers, avec de premières escarmouches tôt le matin, puis une reprise des affrontements pendant et après le vote.

Ces incidents et le recours massif de la police aux gaz lacrymogènes ont très vite dispersé le gros de la foule de manifestants, qui s'était massée dans la matinée à l'appel des «indignés» et des syndicats. La mobilisation a été nettement inférieure à celle des derniers rassemblements antérieurs contre l'austérité.

Les débordements, qui rappellent ceux vécus par Athènes en décembre 2008, après la mort d'un adolescent tué par un policier, ont allumé une polémique au parlement, où les députés ont repris des débats dans la soirée, cette fois sur la loi d'application du plan-cadre qui sera votée jeudi.