La Croatie fêtait samedi le 20e anniversaire de la proclamation de son indépendance, au lendemain du feu vert de principe de l'Union européenne à son adhésion à l'horizon de l'été 2013

«Nous célébrons deux décennies d'un État croate moderne renforcé par un succès stratégique acquis en commun, le retour de la Croatie là où elle appartient en Europe», a déclaré la Première ministre Jadranka Kosor lors d'une réunion solennelle du gouvernement croate.

Ce but stratégique de rejoindre l'Union européenne (UE) a été fixé «il y a vingt ans lorsque nous avons emprunté la voie de l'indépendance», a-t-elle dit.

Le pays «est entré dans une phase où il faudra faire preuve de patriotisme en aidant à créer des conditions pour un développement économique et pour améliorer la vie des citoyens», a déclaré samedi le président croate Ivo Josipovic.

Il y a vingt ans, le 25 juin 1991, la Croatie et la Slovénie proclamaient leur indépendance, marquant le début de la désintégration de la Yougoslavie, une fédération qui regroupait six républiques. La Slovénie a rejoint l'UE en 2004.

Un sondage réalisé récemment montre toutefois que 38% des Slovènes et 43% des Croates estiment vivre moins bien qu'il y a 20 ans. Néanmoins, 90% des uns et des autres estiment que la décision sur l'indépendance était la bonne.

«C'était la seule solution puisque l'ancien pays ne fonctionnait plus. Il était constitué de régions économiquement et socialement très différentes et chacune estimait que les autres étaient privilégiées», a déclaré à l'AFP Nenad Todoric, 49 ans.

«Malheureusement, nos élites politiques n'ont pas su répondre à ce défi et nous ne sommes pas aujourd'hui là où nous espérions être économiquement et socialement», a-t-il ajouté.

Nenad soutient l'adhésion à l'UE «puisqu'il n'y a pas d'autre solution quoique l'UE montre elle-même certaines faiblesses».

Un récent sondage montre que 51,2% des Croates soutiennent l'adhésion à l'UE, mais le bloc des euros-pessimistes reste fort avec 42,7%.

«L'UE est une nécessité si nous voulons progresser. Toutefois, je ne suis pas sûre qu'elle nous permettra d'améliorer les choses», a estimé Dora Plenic, une étudiante en droit de 21 ans.

En 1991, Hrvoje Djurak, un professeur de 43 ans, rempli d'enthousiasme, espérait que la Croatie allait «rejoindre l'Europe démocratique».

Mais «aujourd'hui, lorsque le pays frôle la pauvreté grâce à nos politiciens incapables je suis déçu et perplexe face à l'avenir», a-t-il ajouté.

«Plus aurait dû être fait, si l'on tient compte de notre potentiel, si seulement ils (les politiciens) ne volaient pas tellement», a estimé, de son côté Marta Dujmovic, 44 ans, faisant allusion à la corruption omniprésente et aux abus de pouvoir.

À Vukovar, ville symbole de la guerre d'indépendance croate (1991-1995) qui a fait 20.000 morts, une cérémonie a réuni samedi après-midi les plus hauts responsables de l'État.

Dans la soirée, M. Josipovic offrira un dîner à Zagreb pour ses homologues slovène Danilo Tirk et hongrois Pal Schmitt.