La fin de l'engagement français en Afghanistan est amorcée à un an de la présidentielle, avec l'annonce jeudi d'«un retrait progressif» d'une partie des soldats sur place, parallèlement au rapatriement programmé d'un tiers des forces américaines d'ici l'été 2012.

Un retrait qui, selon le ministre de la Défense Gérard Longuet, n'est «pas une surprise», et qui respecte globalement le calendrier de retrait définitif programmé pour 2014 lors du sommet de Lisbonne de l'Otan en novembre dernier.

M. Longuet a estimé que le début du retrait des troupes françaises devrait intervenir au second semestre 2011, après l'été, dans le cadre du transfert à l'armée afghane de la sécurité du district de Surobi, dans l'est du pays.

«Une transition est une transition. Comme son nom l'indique, il faut que des policiers, des militaires, prennent la place des soldats français», a-t-il expliqué.

La France compte actuellement 4000 soldats en Afghanistan, essentiellement dans l'est du pays.

La déclaration française fait suite à l'annonce mercredi soir par Barack Obama d'un retrait d'ici à l'été 2012 du tiers des quelque 99 000 soldats américains actuellement sur place, dont 10 000 dès cette année.

Dans un communiqué jeudi matin, le président français Nicolas Sarkozy a indiqué s'être entretenu avec M. Obama avant le discours du président des États-Unis sur le retrait des troupes américaines et a souligné «que la France partageait l'analyse et les objectifs américains».

Tout en déclarant que «la France restera pleinement engagée avec ses alliés aux côtés du peuple afghan pour mener à son terme le processus de transition», l'Élysée a annoncé «un retrait progressif» des renforts français «de manière proportionnelle et dans un calendrier comparable au retrait des renforts américains».

L'annonce d'un début de retrait des troupes déployées en Afghanistan était attendue en France, comme aux États-Unis, à un an de l'élection présidentielle.

Alors que les troupes françaises continuent de subir des pertes importantes, avec 62 soldats français morts en Afghanistan depuis 2001, donc dix au cours des six derniers mois, le conflit est en effet de plus en plus impopulaire.

Longtemps à l'écart du débat politique, il est devenu un thème de campagne à l'approche de la présidentielle.

Le Parti socialiste et une large partie de l'opposition de gauche réclamaient l'amorce d'un retrait rapide des troupes françaises.

Certains à droite plaidaient également pour le début dès l'été 2011 d'un retrait des troupes.

Première à réagir, Ségolène Royal, candidate aux primaires du Parti socialiste pour la présidentielle, s'est d'ailleurs félicitée de l'annonce d'un retrait progressif des troupes françaises, tout en dénonçant un «revirement» du président Sarkozy.

Sur le terrain, les troupes françaises devraient transférer avant la fin de l'année aux Afghans la sécurité de Surobi, pour concentrer leurs forces en Kapisa, plus au nord. Elles devront alors faire face, après un début de retrait, aux groupes insurgés toujours actifs dans cette région proche du Pakistan.

Le retrait définitif des forces de la coalition en Afghanistan est prévu à l'été 2014.

Un retrait qui ne devrait pas être total, les alliés ayant régulièrement évoqué «un partenariat de longue durée» avec l'Afghanistan, notamment sous la forme du maintien de militaires chargés de la formation des forces afghanes.