La zone euro a donné lundi deux semaines à la Grèce pour adopter un nouveau plan d'austérité très impopulaire si elle veut obtenir l'argent frais dont elle a désespérément besoin pour éviter une faillite qui provoquerait une onde de choc mondiale.

Les ministres des Finances de la zone euro se retrouveront le dimanche 3 juillet pour finaliser l'aide à la Grèce, a annoncé lundi leur chef de file, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, espérant que d'ici là le Parlement grec aura entériné un nouveau train de mesures d'économies et de privatisations.

Lors d'une première réunion dimanche à Luxembourg, les ministres européens ont en effet repoussé le déblocage de la prochaine tranche des 110 milliards d'euros de prêts promis l'an dernier à Athènes avec le Fonds monétaire international, dans le cadre d'un premier plan de sauvetage.

Ils exigent avant cela que le Parlement grec adopte, le 28 juin, un nouveau train de mesures d'économies et de privatisations.

Parallèlement, ils ont fait miroiter des aides supplémentaires à plus long terme, qui pourraient représenter une centaine de milliards d'euros et dont les grandes lignes sont aussi attendues pour début juillet.

Mais cela reste une déception pour Athènes, qui espérait l'annonce immédiate d'un déblocage des fonds.

«On augmente la pression», a reconnu lundi le Belge Didier Reynders, c'est «aussi parce qu'il y a des précédents, on a connu des statistiques fausses en Grèce, on a connu beaucoup d'hésitations, je crois qu'il faut être certain que tout le monde va appliquer le plan.»

L'Allemand Wolfgang Schäuble a insisté sur «la responsabilité de la Grèce», et Jean-Claude Juncker sur le caractère «crucial» du vote du Parlement grec sur le plan d'austérité, très contesté dans les rues d'Athènes et qui a forcé le premier ministre socialiste Georges Papandréou à remanier son gouvernement.

Confronté à une fronde au sein de son propre parti et au refus persistant de l'opposition d'accepter l'union nationale, il se soumettra dès mardi soir à un vote de confiance afin de verrouiller sa fragile majorité.

La Grèce affirme qu'elle tiendra ses engagements. Mais selon une source diplomatique européenne, son nouveau ministre des Finances, Evangélos Vénizélos, a émis le souhait à Luxembourg de réaménagements du plan d'austérité accepté en échange de l'aide internationale. «Il s'est heurté à une fin de non-recevoir», indique cette source.

Les experts de la «troïka» (FMI, Commission et Banque centrale européenne) doivent en tout cas retourner mardi et mercredi à Athènes. Ils devront «vérifier que nous avons la même compréhension du texte qui sera soumis au Parlement d'ici fin juin», a commenté le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn.

Il s'est dit «certain que la Grèce sera capable de prendre les décisions nécessaires, parce que l'autre solution serait pire».

L'autre solution, c'est un défaut de paiement d'Athènes, qui provoquerait de graves turbulences bien au-delà du pays lui-même.

L'incertitude sur le plan grec a déjà fait baisser l'euro face au dollar lundi.

Mais «échouer à prendre des mesures déterminées (contre la crise de la dette) pourrait rapidement étendre les tensions jusqu'au coeur de la zone euro et entraîner d'importantes répercussions mondiales», a prévenu le FMI dans un rapport.

Beaucoup craignent un nouveau «Lehman Brothers», la banque américaine dont la faillite mi-septembre 2008 avait déclenché la crise financière mondiale.

«Si l'on devait laisser partir un pays vers le défaut, on sait très bien que la contagion serait de même ampleur, et pas seulement comme on le croit dans quelques pays: y compris dans mon pays, au Benelux, en France, en Allemagne, on verrait les conséquences comme on les a vues il y a trois ans», a averti Didier Reynders.