Ce ne sera pas une militante altermondialiste qui remplacera Dominique Strauss-Kahn à la tête du Fonds monétaire international (FMI). Mais ce ne sera pas faute d'avoir essayé.

La coprésidente de la section française de l'Association pour la taxation des transactions financières et l'action citoyenne (ATTAC), Aurélie Trouvé, qui avait annoncé publiquement sa candidature la semaine dernière, ne figure pas au rang des finalistes.

Le conseil d'administration du FMI doit choisir d'ici à la fin du mois entre la ministre française des Finances, Christine Lagarde, donnée favorite, et le directeur de la Banque centrale mexicaine, Agustin Carstens.

Mme Trouvé, titulaire d'un doctorat en sciences économiques, n'a même pas pu officialiser sa candidature puisqu'il aurait fallu que Mme Lagarde accepte, à titre de représentante de la France au FMI, de la soumettre à ses pairs.

«Je n'ai pas eu de réponse du tout de sa part», a dit Mme Trouvé, qui ne s'en étonne évidemment pas. «C'était surtout une provocation, une manière de faire entendre notre voix», souligne la jeune femme de 31 ans, qui plaide pour une révision en profondeur de la structure et des objectifs du FMI.

Meilleure représentation

Plutôt que d'attribuer les voix en fonction du poids économique des pays membres, dit-elle, l'organisation devrait fonctionner selon le principe «un pays, une voix» ou, à tout le moins, assurer une meilleure représentation par continent.

Il faudrait par ailleurs que ses dirigeants cessent d'imposer, comme ils le font en Europe, des plans d'austérité qui ont pour effet de «faire payer les salariés, les chômeurs et les pauvres pour la crise économique précipitée par les milieux financiers».

Ces plans d'austérité, note Mme Trouvé, correspondent aux programmes «d'ajustement structurel» imposés dans les années 80 dans nombre de pays en développement, sur ordre du FMI.

«Ces programmes ont été considérés de manière générale comme un échec. C'est incroyable qu'aujourd'hui on refasse cela en Europe. Il y a des choix politiques derrière tout ça qui ont pour effet de déplacer les richesses vers les grands détenteurs de capitaux.»

Restructurer et annuler les dettes

La solution, pour résoudre la crise des dettes publiques, est de les restructurer et de les annuler en partie en «mettant à contribution les plus grands créanciers», affirme Mme Trouvé.

L'hypothèse a été évoquée récemment par la chancelière d'Allemagne, Angela Merkel, au cours de discussions sur la situation de la Grèce, mais Mme Lagarde l'a rejetée, relève la coprésidente d'ATTAC.

«Elle fonctionne avec l'idée qu'il ne faut pas faire peur aux marchés financiers, qui continuent donc de faire la pluie et le beau temps», déplore l'économiste, qui voit d'un mauvais oeil l'arrivée de Mme Lagarde à la tête du FMI.

Sommet du G20

Faute d'influence sur le conseil d'administration de l'organisation, les militants d'ATTAC espèrent se faire entendre à l'automne au sommet du G20, qui se tiendra à Cannes, dans le sud de la France.

Plusieurs organisations sont à pied d'oeuvre pour faire de la rencontre internationale une «caisse de résonance» à la contestation populaire observée au cours des derniers mois.

«En Espagne, le mouvement des indignés est une réponse à l'austérité, il y a des manifestations d'envergure en Grèce, un peu moins au Portugal. En Grande-Bretagne, il y a longtemps qu'on avait vu autant de gens dans la rue, souligne Mme Trouvé. Je crois que c'est en train de monter.»