La guerre bat son plein entre Liliane Bettencourt et sa fille Françoise, la mère conseillant à sa fille «un peu dérangée de voir un psy» et l'intéressée se tournant de nouveau vers le juge des tutelles pour protéger l'octogénaire milliardaire de ses «prédateurs».

Françoise Bettencourt-Meyers a déposé mardi une nouvelle requête devant le juge des tutelles, accusant le protecteur de sa mère, Me Pascal Wilhelm, de conflit d'intérêts. Dimanche dans un entretien au JDD, Liliane Bettencourt riposte: sa fille «aurait besoin de se confier à un psy compte tenu de ses problèmes psy».

«Ma fille n'est pas heureuse... Elle est très changeante», explique-t-elle, justifiant d'avoir refusé de la recevoir jeudi, car «c'est fatigant de recevoir quelqu'un qui est psychiquement un peu dérangé».

Il y a six mois, mère et fille enterraient pourtant la hache de guerre. Mme Bettencourt-Meyers renonçait à toutes les poursuites judiciaires pour «abus de faiblesse» sur Liliane Bettencourt et qui visaient l'artiste François-Marie Banier, le gestionnaire de fortune Patrice de Maistre et l'avocat fiscaliste Fabrice Goguel, ainsi que la demande de mise sous tutelle de Mme Bettencourt.

«Nous allons ensemble pouvoir aller de l'avant. Pour notre bien commun, et pour L'Oréal qui fait tant partie de ma vie», écrivait la fille du fondateur du géant mondial des cosmétiques.

Mardi, revirement: Françoise Bettencourt-Meyers adresse une requête à la juge des tutelles de Courbevoie (Hauts-de-Seine), mettant en cause plus particulièrement Me Pascal Wilhelm, désigné par sa mère pour gérer sa fortune en cas de mise sous protection.

Pascal Wilhelm se voit reprocher d'avoir investi, pour le compte de la fille du fondateur de L'Oréal, près de 140 millions d'euros dans une société de Stéphane Courbit, qu'il a représentée.

Pour l'entourage de Liliane Bettencourt, la fille unique de la milliardaire a «rompu» l'accord de réconciliation noué il y a six mois.

En décembre, Françoise Bettencourt-Meyers s'engageait à ne pas contester la validité et les modalités du mandat de protection future, mis en oeuvre avec son accord le 20 janvier. À cette date, les deux parties s'entendaient sur le nom de Me Wilhelm comme personne chargée de gérer l'immense fortune de Liliane Bettencourt.

«Les actifs constituant le périmètre personnel de Liliane Bettencourt seront gérés exclusivement par cette dernière avec l'aide du mandataire aux biens», Me Pascal Wilhelm, «sans ingérence directe ou indirecte de quelque nature que ce soit. Madame Françoise Bettencourt-Meyers accepte expressément, en s'engageant à ne pas contester les décisions de Madame Liliane Bettencourt», stipule l'accord.

Concernant L'Oréal, l'entourage de Liliane Bettencourt affirme que Françoise Bettencourt-Meyers possède depuis l'accord une créance de 300 millions d'euros sur Téthys, société propriétaire des parts de la famille Bettencourt dans L'Oréal. Cette créance s'étend sur cinq ans et a été réalisée sous la forme d'une réduction de capital, en plus d'une partie des revenus des dividendes provenant des actions de L'Oréal.

Or, accusent les proches de Liliane Bettencourt, l'accord disposait que Françoise Bettencourt-Meyers devait choisir entre une redistribution des dividendes et l'acquisition d'un capital de valeur équivalente.

Françoise Bettencourt-Meyers estime qu'un «nouveau cordon sécuritaire» se reconstitue autour de sa mère, «laissant craindre de nouvelles dérives contraires aux intérêts de Liliane Bettencourt».

«Ulcérée» et «malheureuse», cette dernière a prévenu: sa fille «aura la monnaie de sa pièce».