Nom de code: Volvo. Objectif: faire chuter le chef du gouvernement britannique travailliste Tony Blair. Des documents publiés vendredi par le Daily Telegraph apportent des preuves du complot fomenté à partir de 2005 par des membres de son propre camp, dont Gordon Brown.

L'actuel porte-parole des travaillistes pour les finances, Ed Balls, et le patron en exercice du parti, Ed Miliband, ont aussi joué un rôle clé dans ce projet, selon des documents personnels appartenant à M. Balls et obtenus par le Daily Telegraph, un quotidien proche des conservateurs.

Le complot a été lancé à la mi-2005, dans la foulée d'une troisième victoire historique de Tony Blair aux élections législatives.

Le projet prévoyait aussi de changer l'image de M. Brown, alors ministre des Finances, qui avait été comparé dans un sondage à une «Volvo», une marque de voiture suédoise robuste, mais très classique, et était considéré comme un mauvais communicateur.

M. Brown avait besoin d'un «changement de look», notamment «un programme de remise en forme» et une nouvelle «garde-robe», selon les documents publiés par le Daily Telegraph.

Des notes datant de février 2006 révèlent aussi les échanges entre les camps de Blair et Brown, M. Blair définissant notamment les termes d'une passation de pouvoir pour l'été 2007.

Avec un marqueur noir, M. Brown a rejeté les suggestions, gribouillant le document des adjectifs «incohérent», «creux» et «confus», avant de le confier à M. Balls, qui a défendu l'an dernier la candidature d'Ed Miliband à la direction du Parti travailliste.

L'équipe du «projet Volvo» a répondu au courrier de M. Blair en faisant de nouvelles demandes.

M. Blair a finalement démissionné en 2007, après dix ans à la tête du gouvernement, marqués notamment par l'engagement controversé du Royaume-Uni dans la guerre en Irak en 2003. Il a été remplacé par M. Brown, qui a perdu les législatives en 2010.

L'antagonisme entre M. Blair et M. Brown, de notoriété publique, ressurgit alors que M. Miliband tente de rallier toutes les troupes au sein du Parti travailliste et qu'il a du mal à faire entendre sa voix face au premier ministre conservateur David Cameron.