La France est aux prises avec une sécheresse exceptionnelle qui cause de sérieux maux de tête aux agriculteurs.

Les températures anormalement élevées et le peu de précipitations observées au cours des derniers mois ont eu pour effet de faire chuter radicalement la récolte d'herbages utilisés pour nourrir les animaux, ce qui place plusieurs exploitants en situation précaire.

«Pour l'instant, la plupart des producteurs restent encore assez sereins. Mais si la situation dure encore trois semaines ou un mois, ça va tourner à la catastrophe», dit le directeur administratif de la Fédération des syndicats d'exploitants agricoles du Morbihan, Michel Demon.

Cette région du Nord-Ouest a vu chuter de moitié cette année sa production d'herbages et craint maintenant de perdre une partie du maïs dont on nourrit les animaux à l'automne, explique-t-il. Le même scénario se répète un peu partout.

Plusieurs agriculteurs tentent d'acheter du fourrage sur le marché, où la spéculation va bon train. La paille, qui coûte normalement 25 (35$CAN) la tonne, est passée à 60 (86$CAN), ce qui fait augmenter d'autant les coûts d'exploitation.

Les agriculteurs sont aussi menacés par une chute du prix de la viande puisque plusieurs d'entre eux doivent vendre des animaux ou les envoyer à l'abattoir plus tôt que prévu pour contourner la pénurie de nourriture.

Cela risque d'être le coup de grâce pour plusieurs producteurs déjà en situation précaire, prévient M. Demon.

Le président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles, Xavier Beulin, qui était de passage récemment dans le Morbihan pour alerter les médias sur la situation, demande «une action forte» du gouvernement.

Il souhaite notamment que l'armée soit mise à contribution pour le transport de paille vers les régions où les besoins sont les plus criants, comme on l'avait fait en 1976 dans des circonstances analogues.

Le président Nicolas Sarkozy doit se rendre demain en Charente pour faire le point et annoncer des mesures d'aide à court et moyen terme.

La sécheresse a déjà mené à de sévères restrictions sur l'utilisation de l'eau dans une soixantaine de départements. Une dizaine d'autres sont placés «en vigilance».

La ministre de l'Écologie, Nathalie Kosciusko-Moricet, a prévenu il y a quelques jours que les restrictions d'eau allaient «toucher tout le monde» en France.

«Évidemment, on essaie de préserver les usages d'eau potable et les usages de santé, mais tous les usages économiques sont potentiellement concernés ainsi que les usages de loisir», a-t-elle précisé.

Les autorités doivent aussi composer avec des ennuis énergétiques puisque la sécheresse a fait baisser le niveau des réservoirs hydroélectriques. Selon le quotidien Les Échos, il a diminué de 30% par rapport à l'année dernière.

Le gouvernement a indiqué qu'il pourrait être nécessaire de fermer certaines centrales nucléaires en raison de la baisse du débit des cours d'eau utilisés pour leur refroidissement. Près de 80% de l'électricité française est produite grâce à l'énergie nucléaire.

Haro sur Twitter et Facebook?

Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) ne veut plus que les chaînes de télévision et de radio françaises évoquent nommément Twitter ou Facebook lorsqu'ils demandent à leurs téléspectateurs ou à leurs auditeurs de les suivre en ligne. L'organisme de régulation des ondes estime que l'évocation des deux célèbres réseaux sociaux a un caractère publicitaire qui contrevient à une loi de 1972 sur la publicité subliminale.

Les médias peuvent cependant continuer à utiliser Twitter et Facebook plutôt qu'une expression neutre comme «réseaux sociaux» pour désigner la source d'informations qu'ils présentent en ondes. La décision du CSA mécontente de nombreux blogueurs, qui y voient un signe de la méfiance des autorités françaises envers l'internet. Certains analystes estiment qu'il s'agit plutôt d'une forme de chauvinisme antiaméricain.