La Commission européenne a critiqué mardi l'Allemagne, coupable d'avoir lancé sans preuves des alertes contre des légumes soupçonnés de transmettre une bactérie tueuse et d'avoir décrété des interdictions de consommation non fondées.

«Il est crucial que les autorités nationales ne se bousculent pas pour donner des alertes non prouvées, car cela crée des psychoses et des problèmes», a averti le commissaire à la Santé John Dalli lors d'un débat au Parlement européen réuni en session plénière à Strasbourg.

«Il est important de déclencher des alertes quand on est certain des données scientifiques», a-t-il affirmé, répétant une position exprimée la veille lors d'une réunion des ministres de la Santé à Luxembourg.

L'épidémie, dont l'origine est toujours inconnue, est due à une souche très rare de la bactérie Escherichia coli (E.coli) entérohémorragique (ECEH) qui provoque des diarrhées sanglantes et, dans les cas les plus graves, des troubles rénaux par le biais d'un syndrome appelé SHU et pouvant être mortels.

Elle a tué 25 personnes -24 en Allemagne et 1 en Suède- et 700 autres malades sont jugés préoccupants.

Mais, selon M. Dalli, «l'épidémie est limitée à Hambourg» (dans le nord de l'Allemagne) et «il n'y a aucune raison de prendre des mesures au niveau européen, notamment des interdictions de tous les produits, car elles sont disproportionnées», a-t-il insisté.

Il a ainsi critiqué la décision des autorités allemandes de déconseiller la consommation de concombres, tomates et salades quelle que soit leur provenance, ce qui a provoqué une crise de confiance des consommateurs et un effondrement du secteur en Espagne et dans plusieurs autres États.

L'élu espagnol Francisco Sosa Wagner a dénoncé cette situation en brandissant un concombre pendant son intervention.

La coprésidente allemande du groupe des Verts Rebecca Harms a dénoncé pour sa part un double niveau de décision au niveau des autorités allemandes «dépassées» et «incapables de se mettre d'accord sur qui est responsable de quoi».

«Le problème est que la Commission n'est pas en mesure de contrôler la véracité des informations données par un État», a pour sa part souligné la conservatrice française Françoise Grossetête (PPE).

Mme Harms a plaidé pour un mécanisme copié sur celui mis en place aux États-Unis, doté de compétences importantes et d'un pouvoir d'intervention.

M. Dalli a tempéré ces critiques. «Il est facile de critiquer, mais il ne faut pas non plus terroriser ceux qui sont amenés à prendre des décisions, car ils risquent de ne plus rien faire s'ils pensent qu'ensuite ils pourront être accusés», a-t-il souligné.

«Nous allons analyser toute cette crise, et nous prendrons des décisions,  mais lorsque nous serons sûrs que la contamination est arrêtée», a-t-il ajouté.

«Le mécanisme doit être déclenché dès lors qu'il y a des preuves scientifiques qui motivent son déclenchement et nous allons voir comment assurer pour l'avenir le bon timing de l'alerte», avait-il expliqué lundi aux ministres de la Santé.