Une souche bactérienne «très rare» est à l'origine de l'épidémie qui sème l'émoi en Europe et entrave les exportations de produits maraîchers.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué hier que cette souche de la bactérie Escherichia coli entérohémorragique (Eceh) présente des «caractéristiques variées qui la rendent plus virulente et productrice de toxines».

Selon le Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies (ECDC), elle a été signalée une seule fois dans la littérature scientifique relativement à un cas survenu en Corée du Sud en 2005.

Complications nombreuses

L'ECDC relève que la souche mise en cause suscite un syndrome marqué par des diarrhées sanguines et des troubles rénaux dans un nombre élevé d'adultes alors que ce type de complication ne survient normalement que chez les enfants de moins de cinq ans.

Près de 500 cas de ce type ont été recensés depuis le début du mois de mai en Europe, la quasi-totalité en Allemagne. Le centre estime que 10 personnes en sont mortes alors que les médias imputent dorénavant 18 décès à la bactérie.

Au total, plus de 2000 personnes réparties dans une demi-douzaine de pays ont été contaminées. Hier, la Grandre-Bretagne s'est ajoutée à la liste en signalant la présence de sept cas sur son territoire. Les patients revenaient d'Allemagne ou sont originaires du pays, qui constitue l'épicentre de la crise.

Origine toujours inconnue

Tout en travaillant à l'identification précise de la bactérie et de ses caractéristiques, les autorités poursuivent leurs efforts pour retracer son origine. L'institut de veille sanitaire allemand Robert Koch a prévenu qu'il ne serait peut-être jamais possible de trouver une réponse définitive à cette question.

La piste des concombres espagnols initialement évoquée par l'Allemagne est aujourd'hui écartée mais les soupçons demeurent, amenant des États à freiner leurs importations par précaution.

Hier, la Russie a déclaré qu'elle entendait bloquer tous les fruits et légumes en provenance de l'Europe et qu'elle détruirait les lots déjà présents sur son territoire. Bruxelles a dénoncé cette mesure «disproportionnée» en promettant de demander des explications à Moscou.

Plusieurs pays européens ont décidé de lever les contraintes à l'importation ciblant les produits espagnols sans pour autant tranquilliser les craintes de leur population, qui a sensiblement réduit sa consommation de légumes.

En France, les ventes de concombres ont chuté de 80% cette semaine au dire d'une organisation agricole locale. Les ventes de tomates ont aussi été fortement affectées.

L'Espagne en colère

Les producteurs espagnols ont déclaré plus tôt que les restrictions sur les exportations de fruits et de légumes risquaient d'entraîner des pertes de 200 millions d'euros par semaine.

Hier, le premier ministre espagnol José Luis Rodriguez Zapatero a assuré que son pays demanderait un «dédommagement» aux autorités européennes. «Maintenant, nous avons devant nous une tâche très ambitieuse qui est de retrouver au plus vite la bonne réputation et la commercialisation de tous les produits espagnols», a-t-il déclaré.