L'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie,  Ratko Mladic, a assuré qu'il n'avait «rien à voir» avec le massacre de Srebrenica, en Bosnie, qui lui vaut d'être inculpé pour génocide par la justice internationale, selon des propos rapportés dimanche par son fils Darko.

Près de dix mille personnes ont manifesté par ailleurs dimanche soir dans le centre de Belgrade, à l'appel du Parti radical serbe (SRS, opposition ultra-nationaliste) pour dénoncer la «trahison» que représente à leurs yeux l'arrestation de Ratko Mladic, survenue jeudi en Serbie.

Des échauffourées vite maîtrisées ont éclaté vers 19h00 à l'issue de la manifestation entre de très jeunes gens, pour certains cagoulés, et la police en tenue anti-émeutes.

Jets de projectiles et déprédation de mobilier urbain ont été rapidement circonscrits par les charges des forces de l'ordre.

Plus d'une centaine de personnes ont été interpellées, selon la police. Cinq manifestants et deux policiers ont été légèrement blessés, a-t-on appris de source hospitalière.

Darko Mladic a indiqué à la sortie de l'unité de détention du Tribunal serbe pour les crimes de guerre où il venait de s'entretenir avec son père que celui-ci lui avait déclaré «qu'il n'avait rien à voir» avec le massacre de quelque 8000 musulmans par les forces serbes de Bosnie, à Srebrenica (Bosnie), en juillet 1995.

Ratko Mladic dirigeait alors les forces serbes de Bosnie.

Selon son fils, l'ancien militaire, qui est en instance de transfèrement vers le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) à La Haye, a encore déclaré avoir donné pour ordre «d'évacuer d'abord les blessés, les femmes et les enfants, puis les combattants» à Srebrenica. Il a répété «qu'il n'avait rien à faire avec cela» (le massacre) et ce qui a «pu être fait derrière son dos».

C'est la première fois depuis son arrestation que Ratko Mladic fait savoir qu'il ne se considère pas comme responsable du massacre de Srebrenica.

Tout peut aller désormais très vite concernant le départ de Ratko Mladic vers La Haye, qui pourrait intervenir dès lundi ou mardi, selon le président du Tribunal par intérim, le juge turc Mehmet Guney, cité dimanche par l'agence de presse turque Anatolie.

L'avocat de Ratko Mladic entend faire appel lundi de la décision du Tribunal serbe pour les crimes de guerre aux termes de laquelle son client est transférable vers La Haye.

Un panel de trois juges examinera alors cet appel et disposera d'un délai de trois jours au maximum pour rendre sa décision.

Si l'appel est rejeté, le ministère serbe de la Justice signera l'ordre de transfèrement.

L'arrestation de l'ancien militaire n'avait donné lieu pour l'instant en Serbie qu'à quelques rassemblements spontanés de quelques centaines de personnes à peine.

Le Parti radical et Ratko Mladic lui-même avaient appelé au calme pour la manifestation de dimanche soir.

Des violences avaient éclaté dans Belgrade le 29 juillet 2008, au soir du transfèrement vers La Haye de Radovan Karadzic, l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie, émanant de groupuscules composés pour la plupart de très jeunes gens, issus souvent des clubs de supporteurs d'équipes de football.

Ces jeunes gens font parler d'eux régulièrement en Serbie en recourant à la violence et à la casse.

Le leader d'un mouvement ultra-nationaliste, Obraz (Honneur), Mladen Obradovic, condamné en avril à deux ans de prison ferme pour son rôle dans les troubles perpétrés à l'occasion de la Gay Pride à Belgrade en octobre, était présent à la manifestation, a constaté une journaliste de l'AFP.

Cette condamnation fait encore l'objet de procédures judiciaires, qui expliquent que le jeune homme soit toujours en liberté.