Des incidents ont éclaté vendredi à Barcelone entre policiers et jeunes «indignés» sur la Place de Catalogne, où les services municipaux ont démonté le campement des contestataires en prévision des festivités de la Ligue des Champions samedi.

Casqués et armés de matraques, les policiers ont dispersé un groupe qui bloquait l'entrée de la place, en plein centre de la capitale catalane, au moment où les camions de nettoyage emportaient les tentes et le matériel.

«121 personnes ont dû recevoir des soins, dont 37 policiers et 12 personnes qui ont été hospitalisées, toutes légèrement atteintes», a annoncé une porte-parole du service des urgences. Elle a précisé qu'il s'agissait surtout «de crises d'angoisse et de contusions multiples».

Une fois déblayé le campement, une foule de manifestants a de nouveau envahi la place. Environ 200 d'entre eux y demeuraient dans l'après-midi.

Comme à la Puerta del Sol à Madrid, où les manifestants ont installé un village alternatif devenu le foyer de la contestation, et de nombreuses autres places en Espagne, la Place de Catalogne était occupée depuis dix jours par des centaines de jeunes Espagnols.

A Madrid, le ministre de l'Intérieur Alfredo Perez Rubalcaba a annoncé que les autorités «étudiaient» une éventuelle évacuation de la place de la Puerta del Sol, à la suite d'une demande du gouvernement régional.

Relayé par les réseaux sociaux, le mouvement, rejoint par des citoyens de tous horizons, s'est développé autour de revendications multiples, visant le chômage, la «corruption» des hommes politiques ou encore la loi électorale favorisant les grands partis.

Vendredi, la municipalité de Barcelone a décidé de faire place nette dans la perspective des célébrations prévues samedi soir, en cas de victoire du FC Barcelone en finale de la Ligue des champions de football, contre Manchester United à Londres.

Pendant que les camions des services de nettoyage emportaient le matériel, des policiers casqués ont fait usage de matraques et de balles en caoutchouc pour disperser quelques dizaines de manifestants qui bloquaient une entrée de la place.

Les agents de nettoyage ont ensuite fini de démonter le campement, sous la surveillance de deux cordons de policiers.

«Une fois le nettoyage terminé, ils pourront revenir, mais sans les tentes, les couteaux et les objets potentiellement dangereux», avait expliqué une porte-parole de la police catalane.

«Ils nous font partir à cause du match, mais nous nous rassemblerons à nouveau, ici ou dans un autre endroit car notre match est plus important», assurait Albert Bonet, artiste et manifestant de 42 ans à la barbe blonde.

«C'est un début, pour prendre conscience que nous devons travailler tous ensemble», lançait Carlos Ramiro, un chômeur de 25 ans. «Dorénavant nous serons beaucoup plus nombreux», ajoutait un autre manifestant, Enrique Lamotta, ingénieur sans travail âgé de 42 ans.

Des appels à des manifestations de soutien aux «indignés» de Barcelone  ont été lancés, via Twitter, pour vendredi soir dans toutes les villes espagnoles.

«Ils sont arrivés à 06h00 du matin et nous ont dit de tout enlever et de partir de la place. Certains sont partis, mais nous nous sommes restés», a raconté Anais, une étudiante en sociologie de 22 ans.

Sur Twitter, le réseau social qui a largement relayé le mouvement spontané entamé le 15 mai, les commentaires étaient nombreux vendredi matin.

«Ils nous évacuent avec violence. C'est totalement illégal, les policiers n'ont pas de plaques d'identification», selon un tweet posté sur le compte acampadabcn (campement barcelone).

Le campement de Lleida (nord-est), une autre grande ville catalane, a également été évacué vendredi matin.