Ratko Mladic, 69 ans, l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie arrêté jeudi après des années de cavale, a parfois été surnommé le «Boucher des Balkans» pour son rôle dans l'extermination de milliers de civils pendant la guerre en Bosnie (1992-1995).

Ratko Mladic est inculpé par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) pour son rôle dans la prise de Srebrenica en juillet 1995, suivie du massacre de près 8000 musulmans, l'autre pour le siège de Sarajevo (10 000 morts), la campagne de «nettoyage ethnique» en Bosnie et la prise en otages de Casques bleus des Nations unies.

Notre galerie photos sur le «Boucher des Balkans»

De taille moyenne, massif, le visage carré, les cheveux gris coupés court, un regard bleu acier, Mladic se disait prêt à faire la guerre au monde entier afin de prouver «la justesse de la cause serbe».

«Fin stratège», selon des militaires étrangers qui l'ont côtoyé, tantôt colérique tantôt jovial, il a toujours cherché à gagner la confiance de ses interlocuteurs. De nombreux Serbes le considèrent toujours comme un héros.

Mis à l'écart en 1996, après la signature des accords de paix de Dayton, ayant mis fin à la guerre en Bosnie, Mladic vit d'abord en toute impunité dans son fief de Han Pijesak, une base militaire en Bosnie qui dispose d'un vaste réseau de galeries souterraines.

Puis il s'installe à Belgrade dans un quartier chic où l'armée le protège pendant plusieurs années. Son hobby: tailler des roses en chantonnant, selon d'anciens voisins. Mais, sécurité oblige, une voiture militaire le suit quand il sort faire un tour à pied.

À Belgrade, Mladic est souvent traité en héros et la presse ne manque jamais de rapporter qu'il a été vu dans tel ou tel restaurant. En juillet 1997, toujours protégé par l'armée, il se dore au soleil sur la côte monténégrine.

Mais la communauté internationale s'impatiente: Mladic doit être extradé pour que la Serbie-et-Monténégro puisse intégrer les institutions euro-atlantiques.

Il entre dans une clandestinité totale au début des années 2000 et les autorités de Belgrade affirment qu'il n'est plus en Serbie. Belgrade ne coopère pas, dénonce alors le TPIY.

Les rumeurs sur sa planque se multiplient. On le dit tantôt à Belgrade, tantôt dans un complexe militaire chez les Serbes de Bosnie. On le voit aussi en apiculteur à Valjevo, à 100 km à l'ouest de la capitale.

Né le 12 mars 1942 à Bozinovici (est de la Bosnie), Mladic a deux ans lorsque son père est assassiné par les oustachis croates pro-nazis qui, comme les Musulmans, resteront ses ennemis jurés.

Avide de revanche, il s'érigera en défenseur du peuple serbe, qui, assure-t-il en écho à Slobodan Milosevic, «est menacé de génocide et voué à disparaître devant la pénétration de l'islam».

Colonel à Pristina (Kosovo), il est chargé en juin 1991 d'organiser en Croatie les séparatistes serbes, qui proclameront leur République serbe de Krajina, balayée en 1995 par les Croates.

En mai 1992, promu général, il commande l'armée des Serbes de Bosnie, qui proclament aussi leur république, refusant de vivre «comme une minorité» dans une Bosnie indépendante.

Mladic s'illustre alors en menant, avec l'appui de Belgrade, une lutte acharnée pour percer dans le Nord un «corridor» vital reliant les territoires Est et Ouest de la Bosnie, contrôlés par ses forces.

«Les frontières ont toujours été tracées avec du sang et les États bornés par des tombes», déclare-t-il.

Le 11 juillet 1995, il prend l'enclave de Srebrenica et fait exécuter près de 8000 musulmans, lors du pire massacre commis en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

La fuite de Ratko Mladic aura donc pris fin près de seize ans après sa première inculpation par le TPIY, en juillet 1995, quelques jours après le massacre de Srebrenica.

Elle intervient le 26 mai près de trois ans après celle de l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, le 21 juillet 2008. Radovan Karadzic est accusé de crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide au cours de la guerre de Bosnie.

Celle ci a fait 100 000 morts et 2,2 millions de déplacés.

Le procès de Radovan Karadzic s'est ouvert le 26 octobre 2009 devant le TPIY, à La Haye.

Seul reste désormais en liberté Goran Hadzic, une personnalité de moindre importance qui avait dirigé les Serbes de Croatie pendant la guerre de 1991-1995.