Le président Nicolas Sarkozy a soufflé le chaud et le froid hier, à Paris, lors de l'ouverture de l'e-G8, un sommet qui réunit pour deux jours les grands acteurs du monde de l'internet.

Il a d'abord longuement salué la créativité des dirigeants de firmes réputées comme Facebook ou Google, dont il a comparé les réalisations à celles de Galilée ou de Thomas Edison.

Évoquant le rôle qu'a joué l'internet dans les soulèvements observés en Tunisie ou en Égypte, il a déclaré que le web est devenu «le vecteur d'une puissance inédite pour la liberté d'expression dans le monde». Mais, du même souffle, il a soutenu que le réseau mondial ne doit pas être «un univers parallèle affranchi des règles du droit, de la morale et plus généralement de tous les principes fondamentaux qui gouvernent la vie sociale dans les pays démocratiques».

«Ne laissez pas la révolution que vous avez lancée véhiculer le mal sans entrave ni retenue», a-t-il ajouté en insistant notamment sur la nécessité de protéger les enfants des adultes malveillants.

Nicolas Sarkozy a aussi défendu la nécessité d'une loi contre le piratage, arguant qu'il serait paradoxal que l'internet, en facilitant l'accès aux oeuvres, prive les créateurs des revenus assurés par la propriété intellectuelle et «assèche» ultimement leur production.

Le discours de Nicolas Sarkozy ne risque guère d'apaiser les organisations de défense des usagers de l'internet, qui l'accusent de vouloir «censurer» le réseau. L'organisation La Quadrature du Net estime que l'e-G8 n'est qu'un «écran de fumée» destiné à dissimuler ses orientations. Plusieurs organisations ont dénoncé, en prévision de la rencontre, la multiplication de «mesures restrictives» mises de l'avant par les pays industrialisés pour surveiller les internautes.

Un groupe restreint de participants doit présenter les conclusions de l'e-G8 aux chefs d'État qui se réunissent à compter de demain à Deauville, en Normandie, à l'occasion du sommet du G8.

Le gouvernement français avait initialement prévu faire de l'internet l'élément central de la rencontre, mais la question a été reléguée au second plan par la situation en cours dans le monde arabe.