Le ministre britannique de la Justice, le conservateur Kenneth Clarke, était sur la sellette jeudi après avoir laissé entendre que certains viols étaient plus graves que d'autres.

Invité de la BBC mercredi matin, M. Clarke avait fait une distinction entre les affaires de viol impliquant des personnes qui se connaissent et «un viol grave, avec violence, impliquant une femme non consentante». Il avait en outre noté qu'on comptabilisait dans les statistiques sur les viols les relations sexuelles entre adolescents dont l'un n'a pas atteint l'âge de la majorité sexuelle (16 ans).

A la présentatrice qui lui avait rétorqué qu'un «viol était un viol», il avait répondu : «non».

Sous la pression de Downing Street, M. Clarke a dû ensuite faire le tour des plateaux de télévision pour tenter de s'expliquer, assurant qu'il considérait tous les viols comme des crimes graves.

Il a toutefois refusé de présenter ses excuses pour ces propos, promettant seulement de faire «plus attention à l'avenir au choix de ses mots», à la grande colère des associations de défense des droits des femmes.

Le ministre s'est dit «désolé» qu'une auditrice, victime d'une agression sexuelle, ait fondu en larmes pendant qu'elle débattait avec lui à la radio du projet du gouvernement de réduire de moitié la peine de prison infligée pour certains crimes, dont le viol, si les accusés plaident dès le départ coupables. Avec l'objectif de réduire le nombre des procès

M. Clarke a ensuite envoyé une lettre à cette femme, faisant valoir qu'il avait «toujours considéré le viol comme un acte très grave et qui devait être traité comme tel».

Mais ces mises au point n'ont pas suffi à désamorcer la polémique et le ministre faisait jeudi la une de tous les journaux, volant même la vedette à la reine qui effectue pourtant une visite historique en Irlande.

Le chef de l'opposition travailliste Ed Miliband a déclaré que M. Clarke ne «pouvait prétendre parler pour les femmes de ce pays, en faisant des commentaires de cette sorte». Et il a demandé au premier ministre David Cameron de se séparer de lui.

Interrogé sur ses intentions, le ministre a écarté toute idée de démission, soulignant qu'il n'avait jamais eu l'intention de modifier la législation sur le viol, qui «est fort justement toujours sévèrement sanctionné» : «démissionner pour des propositions que je n'ai jamais faites ou songé à faire serait un peu étrange», a-t-il expliqué.

Un porte-parole de Downing Street a pour sa part déclaré qu'il était «vraiment regrettable» que certaines personnes aient pu se sentir offensées par les propos de M. Clarke, mais que ce dernier gardait la confiance du Premier ministre.