Se présentera, se présentera pas? Dmitri Medvedev entretient le suspense. Lors d'une conférence de presse de plus de deux heures devant 800 journalistes, hier, le président russe a indiqué dans une langue de bois impeccable que «de telles décisions sont prises quand les conditions requises sont réunies», sans préciser ces conditions. Voici un aperçu des raisons qui pourraient pousser Medvedev à se porter candidat à la présidentielle de 2012... et de celles qui pourraient le convaincre de passer son tour.

POUR

VOLONTÉ

Dmitri Medvedev semble déterminé à mener à bien la «modernisation» du pays mise en oeuvre dès son arrivée au pouvoir, en 2008. Même s'il n'a jamais réellement dévié des grandes lignes du programme politique de son prédécesseur, Vladimir Poutine, Medvedev le blogueur, gazouilleur et amateur de musique rock offre tout de même une image plus moderne du pays.

CONCURRENCE

Le président parle sans cesse du besoin de concurrence politique en Russie, sans reconnaître explicitement qu'il n'y en a pas. Il a d'ailleurs lancé cette semaine sur le site du Kremlin une page visant à expliquer la politique aux enfants, notamment la nécessité d'une opposition. La semaine dernière, il a estimé «dangereux» de concentrer le pouvoir «autour d'une personne en particulier» - manifestement une allusion à Vladimir Poutine.

PRATIQUE «TANDÉMOCRATIE»

Malgré les rumeurs de conflits entre Poutine et Medvedev, la «tandémocratie» semble satisfaire ses deux têtes. Elle a aussi fait ses preuves pour assurer la survie du régime dans plusieurs situations. D'un côté, le premier ministre Poutine, «méchant flic» autoritaire, dirige et menace; de l'autre, le président Medvedev, «bon flic» flegmatique, rassure et donne espoir aux plus libéraux.

CONTRE

FIDÉLITÉ

Medvedev doit l'entièreté de sa carrière politique à Poutine, son mentor depuis 20 ans. En tant que président, il est légalement plus fort que son premier ministre. Or, dans la Russie actuelle, le pouvoir informel s'avère plus important que la Constitution. Et il se trouve entre les mains de Poutine.

DANS L'OMBRE

En trois ans à la tête de l'État, Medvedev n'a jamais réussi à obtenir une cote de popularité plus élevée que Poutine, le «leader national». Il n'a jamais réussi non plus à se dissocier de l'image qui le présente comme la «marionnette» de son prédécesseur.

LES AMBITIONS DE POUTINE

Le lancement il y a deux semaines du Front populaire panrusse de Vladimir Poutine, censé rassembler les forces politiques et sociales autour de sa personne, semble démontrer son intention de retourner à la présidence. Hier, Dmitri Medvedev a indiqué que, s'il se présente, il voudrait pouvoir compter sur les mêmes forces politiques qui l'ont déjà appuyé. Or, ces forces se rangent actuellement derrière Poutine, laissant le président sans ses propres alliés.