Les libéraux-démocrates britanniques ont subi un cuisant revers aux élections locales, qui devrait se doubler d'un second échec avec le référendum sur le mode de scrutin, faisant les frais de l'austérité décrétée par le gouvernement de coalition auquel ils participent.

Les deux scrutins, qui étaient organisés jeudi, sont le premier test majeur de la coalition formée des «lib-dém» et des conservateurs, depuis sa mise en place il y a près d'un an, le 11 mai 2010, dans la foulée des législatives.

Les «lib-dém», troisième force politique au Royaume-Uni, qui avaient accepté un mariage de raison avec les conservateurs, sont les grands perdants des élections locales, alors que leurs partenaires au pouvoir ont maintenu leurs positions, selon des résultats encore partiels vendredi midi.

Le Parti libéral-démocrate, historiquement de centre-gauche, a perdu 263 sièges dans 102 conseils municipaux, selon des résultats portant sur un peu plus d'un tiers des conseils anglais où des élections étaient organisées jeudi.

Il a symboliquement perdu le contrôle de Sheffield (nord de l'Angleterre), fief du vice-Premier ministre Nick Clegg, au profit des travaillistes (opposition).

«C'est un sacré coup dur», a concédé M. Clegg, attribuant ces mauvais résultats à la politique d'austérité drastique du gouvernement qui tente de réduire le déficit public.

La présence des «lib-dém» au gouvernement avait été perçue dans un premier temps comme un moyen d'infléchir la politique libérale des conservateurs.

Mais de nombreux membres du parti ont été déçus de voir que leur formation abandonnait des promesses comme la gratuité, à terme, des droits universitaires, qui ont finalement triplé dans la plupart des facs anglaises.

«Les gens se rappellent clairement de la vie pendant le thatchérisme dans les années 80, et (...) ils ont peur que cela se reproduise», a estimé M. Clegg, en référence à la politique ultra-conservatrice de l'ancien Premier ministre britannique Margaret Thatcher (1979-1990).

Il a toutefois rejeté l'idée que son parti quitte le gouvernement. «Nous devons (...) créer des emplois. C'est le travail qu'on a commencé et qu'on va mener à bien», a-t-il affirmé.

Ses partenaires conservateurs, par la voix du chef de la diplomatie William Hague, ont assuré que la coalition «allait continuer avec succès».

Lors des élections locales, les conservateurs ont tiré leur épingle du jeu, en décrochant 32 sièges supplémentaires, tandis que les travaillistes ont remporté 303 sièges en plus, mais pas autant qu'ils l'avaient espéré.

Les «lib-dém» se préparaient à subir une humiliation supplémentaire avec l'annonce, prévue vendredi soir, des résultats du référendum sur la réforme électorale, qu'ils ont ardemment défendue.

Selon les sondages publiés avant le scrutin, les électeurs devaient largement se prononcer pour le maintien du scrutin majoritaire à un tour pour l'élection des députés britanniques, alors que les «lib-dém» avaient fait campagne pour un mode de scrutin préférentiel (dit alternatif), qui favorise les petites formations.

Ce sujet avait fait éclater au grand jour les dissensions au sein du gouvernement, les conservateurs défendant le statu quo.

Parallèlement aux élections locales et au référendum jeudi, étaient notamment organisées les élections des parlements des régions britanniques semi-autonomes d'Écosse, du Pays de Galles et d'Irlande du Nord.

En Écosse, le Parti national écossais (SNP, indépendantiste), a effectué une spectaculaire percée, au détriment des travaillistes, ravivant la possibilité qu'il organise un référendum sur l'indépendance de l'Écosse.