La politique reprenait ses droits dimanche après la parenthèse du mariage princier en Grande-Bretagne, les partenaires de la coalition au pouvoir tentant d'apaiser un débat houleux à l'approche du référendum sur un changement du mode de scrutin jeudi.

Libéraux-démocrates prônent le vote alternatif, plus juste selon eux.

Le premier ministre David Cameron a calmé le jeu dimanche, ménageant l'avenir: quelle que soit l'issue, les conservateurs, minoritaires, ont besoin de leurs alliés pour tenir le gouvernail dans les difficultés des coupes budgétaires et d'une économie fragile.

«Nous montrerons qu'il est possible de continuer de travailler dans une coalition forte et efficace dans l'intérêt national pour les cinq ans qui viennent», a assuré David Cameron sur la BBC.

Le premier ministre a défendu le système actuel majoritaire à un tour, «simple» et «efficace». «Vous pouvez vous débarrasser d'un gouvernement que vous n'aimez pas», a-t-il souligné.

Nick Clegg, qui avait fait du référendum une condition à son entrée dans la coalition avec les conservateurs, a décrit le vote alternatif comme «une occasion unique par génération de changer la façon dont nous faisons de la politique».

Le débat s'est déroulé ces dernières semaines dans la confusion, le vote alternatif transcendant les habituels clivages politiques: on a pu voir le chef des Travaillistes Ed Miliband faire campagne avec un adversaire politique, le ministre libéral Vince Cable. Au sein de la coalition, les tensions entre «pour» et «contre» ont pris un tour acerbe.

Chris Huhne, ministre de l'énergie libéral a évoqué une «campagne de type Goebbels», en réponse à la patronne du parti conservateur qui assurait que le vote alternatif allait favoriser les «fascistes».

Nick Clegg lui-même est entré dans l'arène le 23 avril, dénonçant une «campagne méchante» conduite par «une clique d'extrême droite qui veut conserver les choses en l'état».

En vertu du système alternatif proposé, l'électeur classe les candidats par ordre de préférence. Si personne n'obtient la majorité absolue, on répartit les voix du candidat le moins bien placé sur les autres et on continue ainsi jusqu'à ce que quelqu'un recueille la majorité absolue.

Dans le système actuel, le candidat arrivé en premier emporte le siège, ce qui favorise les grands partis au détriment des petites formations comme les Libéraux Démocrates.

Selon les «lib-dems», le vote majoritaire actuel aboutit à ce que «deux tiers des députés sont élus alors que davantage de gens ont voté contre eux que pour eux».

Un résultat négatif au référendum sera interprété comme un camouflet pour Nick Clegg, dont l'image a souffert de l'entrée en vigueur de la politique d'austérité.

Le triplement des frais d'inscription universitaires, contrairement aux promesses des Libéraux-Démocrates, a notamment ulcéré la base électorale des «lib-dems».

Or, les pronostics sont sombres pour Nick Clegg: selon un sondage BPIX pour le quotidien Mail on Sunday, 51% des électeurs sont opposés au changement de scrutin, contre 33% seulement qui soutiennent le scrutin alternatif.

Surtout, deux personnes interrogées sur trois jugent qu'une défaite du «oui» jeudi serait dommageable pour le long terme pour M. Clegg et son parti.