Les recherches internationales pour retrouver le père de la famille dont la mère et les quatre enfants ont été retrouvés assassinés à Nantes (dans l'ouest du pays), étaient toujours vaines samedi tandis qu'un scénario machiavélique et glaçant apparaissait progressivement.

L'avis de recherche de Xavier Dupont de Ligonnès, à ce stade à titre de «témoin» dans l'information judiciaire contre X pour assassinats ouverte vendredi, «a été diffusé internationalement», a indiqué samedi à l'AFP le procureur de la République de Nantes Xavier Ronsin.

M. Dupont de Ligonnès a été vu pour la dernière fois à Roquebrune-sur-Argens, dans le département du Var (sud-est) le 15 avril.

Les victimes ont été tuées autour du 3 au 4 avril, pendant leur sommeil. Des analyses sont en cours pour vérifier si elles ont au préalable été droguées.

Les autopsies réalisées vendredi ont révélé que la mère de famille et ses quatre enfants de 13 à 20 ans avaient fait l'objet d'exécutions «méthodiques» avant que leurs corps ne soient soigneusement dissimulés sous la terrasse de leur jardin.

Témoignages et éléments recueillis par les enquêteurs font remonter à la surface le scénario d'un quintuple meurtre apparemment calculé et prémédité.

En février 2011, Xavier Dupont de Ligonnès inscrit récemment dans un stand de tir de Nantes, annonce que son père décédé lui a légué une carabine 22 long rifle. Elle est remise en état et il vient lui même l'essayer au stand de tir, munie d'un silencieux. C'est le même calibre que celui de l'arme du crime, qui n'a pas été retrouvée.

Il achète des munitions pour ce calibre le 12 mars. Ses fils Thomas et Benoît l'accompagnent à la société de tir pour suivre eux aussi une initiation. La semaine qui précède le drame, il vient quatre fois au stand et la dernière fois, le 1er avril, il annonce que ses fils ne pourront venir aux séances programmées le 9 avril.

Le 4 avril, il informe l'école de ses deux plus jeunes enfants qu'ils sont malades.

Le 11 avril, deux courriers, un à l'école des enfants et un autre à celle qui employait la mère, justifient un départ précipité par une mutation professionnelle soudaine en Australie.

D'autres courriers sont envoyés à des amis expliquant qu'il doit partir en urgence aux États-Unis dans le cadre d'un «programme de protection des témoins».

En débutant leur enquête, les policiers découvrent la trace d'achats récents curieux: chaux vive, sacs en toile de jute, produit nettoyant désincrustant, diable, pelle. Ce sont ces achats, ainsi que l'excuse «délirante» du programme de protection des témoins, qui les inquiètent et déclenchent une fouille approfondie de la maison parfaitement nettoyée, vidée.

Après les faits, le père passe la nuit du 12 au 13 avril dans une suite prestige d'un établissement 5 étoiles près d'Avignon (sud-est).

«C'était un monsieur qui était très élégant, qui ne paraissait pas du tout avoir eu des soucis», a indiqué samedi à l'AFP Sylvie Boucher, directrice de l'hôtellerie à l'Auberge de Cassagne.

Il a rempli la fiche client sous le nom de «Xavier Laurent», ses deux prénoms, tout en donnant son adresse à Nantes. Il s'est présenté «comme faisant partie d'une fédération de commerçants, venu pour affaires dans la région».

Cet homme qui «avait des revenus relativement faibles» avec «4000 euros par an de ressources déclarées», rencontrait des problèmes financiers, a précisé le procureur de Nantes. Il avait des dettes, dont au moins une de 50 000 euros.

Le procureur a reconnu une «coïncidence» entre le passage dans le Var de Xavier Dupont de Ligonnès et la «disparition inquiétante» d'une quinquagénaire, Colette Deromme, le 14 avril à Lorgues, un village du Var où il a habité avant 2003.