Les Pays-Bas étaient en état de choc dimanche au lendemain de l'acte de folie meurtrière d'un homme de 24 ans qui a ouvert le feu dans un centre commercial bondé d'Alphen aan den Rijn, tuant six personnes et en blessant une dizaine, avant de se donner la mort.

«Alphen aan den Rijn ne sera plus jamais comme avant», «Pourquoi? Nous sommes incrédules et choqués», «Les Pays-Bas ont perdu leur innocence»: les quelque 5400 messages postés sur le registre de condoléances ouvert par la mairie sur l'internet ne laissent aucun doute sur la consternation des Néerlandais, peu habitués à de tels gestes de violence.

Samedi en début d'après-midi, Tristan van der Vlis pénètre dans le centre commercial «de Ridderhof», à proximité duquel il vit.

La journée est ensoleillée, de nombreuses familles avec enfants font leurs courses. Pendant une vingtaine de minutes, le jeune homme parcourt d'un pas assuré, sans hâte, les galeries couvertes du centre, tirant à l'arme automatique sur passants et commerçants, avant de se suicider.

Son geste reste inexpliqué: dans la lettre d'adieu qu'il a laissée à ses parents, rendue public dans la nuit, il exprime son mal-être et ses envies de suicide, mais rien ne laisse présager la tragédie.

La plupart des médias audiovisuels et électroniques ont estimé dimanche que la fusillade avait un caractère «non-néerlandais», et que de tels incidents semblaient plus fréquents dans d'autres pays comme les États-Unis.

«Ce genre de choses peut se produire n'importe où», objecte Eelco Dykstra, professeur de gestion de crise, interrogé à la télévision publique NOS. Si on rapporte le nombre de fusillades à la taille du territoire, l'Europe serait «plus touchée que l'Amérique» par le phénomène, selon lui.

M. Dykstra déplore en outre le désintérêt relatif des Pays-Bas pour l'expérience acquise au plan international sur le profilage des tueurs désespérés et la détection des signes avant-coureurs. «Ici, il y a quantité de procédures et de protocoles sur papier, mais trop peu d'expérience sur le terrain», assure-t-il.

Tristan, qui était membre d'un club de tir et disposait d'un permis de port d'arme pour cinq armes à feu, avait eu des soucis avec la police en 2003 pour des faits relatifs à la loi sur les armes et munitions, selon les dernières informations du parquet. L'affaire avait été classée sans suite.

Sur Twitter, où circule la photo du jeune homme, front haut, cheveux châtains courts, un sourire crispé entre des pommettes saillantes, des Néerlandais s'interrogent: «Personne n'a-t-il remarqué qu'il allait déraper?», «Comment un garçon de son âge pouvait-il détenir une arme aussi meurtrière?».

Les «hommes en blanc» ont poursuivi toute la nuit leurs relevés sur les lieux de la fusillade, jonchés de douilles.

Les corps des victimes n'ont été rendus à leurs familles que dimanche matin. La police continue à travers les médias à réclamer au public photos et vidéos.

Entre-temps, la police de Rotterdam (ouest) a annoncé l'arrestation d'un habitant de 17 ans qui avait annoncé sur Twitter «vouloir rejouer» la fusillade dans son quartier.

Alors que le centre commercial «de Ridderhof» restait inaccessible, trois autres centres commerciaux d'Alphen aan den Rijn évacués samedi après la découverte d'une lettre du forcené y annonçant la présence d'explosifs ont été rouverts.

Les habitants des appartements situés au-dessus des magasins, ayant passé une partie de la nuit dans un hall des sports, ont pu rejoindre leur domicile dans la matinée.

Dimanche, plusieurs services religieux à la mémoire des victimes étaient prévus à Alphen aan den Rijn, où un rassemblement silencieux devait également se tenir à 21H00 (19H00 GMT), devant le centre commercial.