Un centriste de poids, Jean-Louis Borloo, et un écologiste médiatique, Nicolas Hulot, sont venus allonger ces derniers jours la liste des candidats potentiels à la présidentielle française de 2012, face à l'impopulaire Nicolas Sarkozy, qui tient une ligne très à droite.        

À 60 ans tout juste, fibre écologiste et sociale, Jean-Louis Borloo a annoncé jeudi soir qu'il quittait le parti présidentiel UMP. Le petit Parti radical qu'il dirige se dissociera désormais du parti majoritaire, dans lequel il s'était fondu.

«Le Parti radical a proposé d'organiser l'aile sociale, humaniste de la majorité», a expliqué Jean-Louis Borloo lors d'une longue interview télévisée.

Ancien ministre de l'Écologie, il fera alliance avec le Nouveau centre, un autre parti de la droite modérée dirigé par l'ancien ministre de la Défense Hervé Morin. Les deux anciens ministres étaient sortis du gouvernement à la mi-novembre, lors du dernier grand remaniement opéré par le président Nicolas Sarkozy.

Jean-Louis Borloo s'est dit «candidat naturel», tout en indiquant qu'il n'avait pas encore pris de décision définitive concernant sa participation à l'élection présidentielle qui aura lieu au printemps 2012.

Les centristes se sentent de plus en plus mal à l'aise dans une majorité présidentielle qui a résolument mis le cap à droite, en martelant les thèmes de l'immigration, de la place des musulmans dans la société, de la laïcité et de la sécurité.

Une des nouvelles figures de proue du gouvernement est le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, très proche du chef de l'État, qui prône une politique d'immigration très restrictive.

Il est accusé par la gauche de flirter dangereusement avec les thèses du Front national (FN - extrême droite), dont la dirigeante, Marine Le Pen, a effectué une percée dans les sondages, confirmée fin mars par les résultats d'élections locales.

Ancien bras droit de Nicolas Sarkozy à l'Elysée, Claude Guéant n'est ministre que depuis fin février. Mais il s'est déjà fait remarquer par quelques formules chocs: les Français «ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux» à cause d'une «immigration incontrôlée», disait-il mi-mars.

Cette semaine, il a prévenu qu'il comptait accentuer les efforts de lutte contre l'immigration clandestine mais aussi réduire l'immigration légale, c'est-à-dire le nombre de permis de travail accordés et le regroupement familial.

Nicolas Sarkozy, dont la candidature à un nouveau mandat fait pour l'instant très peu débat dans son camp, bat pourtant des records d'impopularité.

Il est donné perdant dans la plupart des sondages par le candidat socialiste, quel qu'il soit, et pourrait même ne pas être présent au second tour, devancé par l'extrême droite.

Mais les socialistes sont loin d'être en ordre de bataille. Le principal parti d'opposition ne désignera son candidat qu'en octobre, les prétendants devant se faire connaître avant juin.

Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn reste le mieux placé, mais il n'a pas encore dévoilé ses intentions. La patronne des socialistes Martine Aubry a laissé poindre ses ambitions cette semaine en évoquant, dans un lapsus, le moment où elle serait «candidate».

Les socialistes ont néanmoins franchi une étape cette semaine en présentant leur programme présidentiel, clairement marqué à gauche.

Nicolas Hulot

Mais c'est une vedette des médias, devenue l'une des consciences environnementales en France, qui pourrait troubler le jeu dès la semaine prochaine.

Nicolas Hulot, 55 ans, qui présente sur la chaîne privée TF1 des émissions sur l'aventure et les grands espaces, s'est rendu incontournable en France dans le domaine de l'écologie. Avant la précédente élection en 2007, il avait fait souscrire à tous les principaux candidats un «Pacte écologique».

Sa candidature aux primaires des Verts français pourrait être annoncée dès mercredi.

Photo: Archives AFP

Jean-Louis Borloo.