Le président du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbaïev, a été réélu sans surprise avec plus de 95% des voix, un scrutin jugé lundi non démocratique par les observateurs électoraux de l'OSCE déployés dans cette ex-république soviétique d'Asie centrale.

M. Nazarbaïev n'a pas attendu l'annonce de son score par la Commission électorale pour se proclamer vainqueur de cette élection anticipée, convoquée à la surprise générale en février pour le 3 avril, si bien que l'opposition l'a boycottée, estimant ne pas avoir le temps de faire campagne.

« Les premiers résultats (...) ont établi que le peuple kazakh, nos concitoyens, approuvaient le travail que j'ai fait ces 20 dernières années », a déclaré dès lundi matin le président, au cours d'une visite au quartier général de son parti, Nour Otan.

Noursoultan Nazarbaïev, 70 ans dont près de 22 au pouvoir, a estimé plus tard que sa victoire avec 95,5% des voix devait servir de modèle aux démocraties occidentales.

« Plus de 90% pour un candidat, c'est-à-dire moi, cela fait bien sûr sensation dans les États occidentaux », a-t-il relevé.

« Nous avons montré que nous étions unis, alors qu'en général les élections présidentielles divisent les pays et les peuples en factions partisanes », a-t-il jugé.

Les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) se sont pour leur part montrés très critiques à l'égard du scrutin, notant de « sérieuses irrégularités» dont « des cas de bourrage d'urnes » et un « environnement restrictif » pour les médias.

« Les réformes nécessaires à l'organisation d'une véritable élection démocratique doivent encore se matérialiser, cette élection ayant révélé des manquements similaires à ceux des élections précédentes », relève leur rapport.

Seuls trois autres candidats sans envergure étaient en liste, dont l'un a même annoncé dimanche avoir voté pour le président sortant.

Les opposants ont dénoncé une mascarade, considérant en particulier que le taux de participation de 90% était très largement exagéré compte tenu du boycottage auquel ils avaient appelé et de l'absence totale de concurrence.

« Le fait que le pouvoir ait répondu à notre boycottage par une telle rafale de propagande (...) montre que nous sommes sur la bonne voie », a commenté Vladimir Kozlov, du parti Alga.

« Une participation de 90%, c'est bien entendu excessif, ça ne peut que choquer. En observant les bureaux de vote, on a bien vu que les électeurs n'étaient pas si actifs », a jugé Boulat Abilov, coprésident du parti social-démocrate OSDP-Azat.

Aucune élection depuis l'indépendance du pays en 1991, à la chute de l'URSS, n'a été reconnue comme libre par l'OSCE.

En 2005, M. Nazarbaïev s'était fait réélire avec plus de 91% des voix, et aux dernières législatives en 2007, son parti a obtenu tous les sièges du Parlement.

Le président est par ailleurs depuis 2010 « Elbassy » (« chef de la nation » en kazakh), un statut qui lui confère le pouvoir de décider à vie des grandes orientations politiques du pays ainsi qu'une immunité perpétuelle.

Si le Kazakhstan est loin d'être un modèle de démocratie, Noursoultan Nazarbaïev bénéficie néanmoins d'une réelle popularité auprès de ses 16 millions de concitoyens, notamment en raison d'un boom économique lié aux vastes réserves de pétrole du pays.

Sous l'impulsion de son président, le Kazakhstan, dont le sous-sol regorge aussi de gaz et d'autres matières premières, a bâti des relations étroites avec la Russie, la Chine et les puissances occidentales.

Le Kazakhstan a ainsi obtenu en 2010 la présidence de l'OSCE, une organisation pourtant chargée de s'assurer du respect des principes démocratiques chez ses membres.