Des millions d'Allemands menacent d'infliger un camouflet dimanche aux conservateurs d'Angela Merkel dans des scrutins régionaux qui ont tourné au referendum sur sa politique nucléaire.

Samedi déjà, quelque 250 000 personnes sont descendues dans la rue pour dire leur crainte du nucléaire, exacerbée par la catastrophe de la centrale japonaise de Fukushima, et demander l'arrêt des réacteurs allemands.

Tous les sondages indiquent que les chrétiens-démocrates (CDU) de la chancelière Angela Merkel vont perdre le pouvoir dans le Bade-Wurtemberg, un Land (État régional) prospère de 10 millions d'habitants du sud-ouest de l'Allemagne qui vote conservateur depuis 58 ans.

La radioactivité émise par la centrale japonaise endommagée a encore accéléré la montée des Verts dans ce Land où se dressent quatre réacteurs. Ils pourraient même remporter assez de voix pour prendre pour la première fois la tête d'un gouvernement régional.

Dans le même élan, les Verts devraient également faire irruption au parlement régional de Rhénanie-Palatinat et s'imposer comme partenaires de gouvernement au social-démocrate (SPD) Kurt Beck, qui y règne depuis 17 ans.

Mme Merkel a elle-même attisé la colère des électeurs par un revirement sur le nucléaire.

Après le tsunami qui a endommagé les réacteurs de Fukushima, la chancelière a ordonné l'arrêt temporaire des seps plus vieux des 17 réacteurs allemands et la révision des mesures de sécurité.

Cinq mois plus tôt, sa majorité avait voté la prolongation de la durée de vie des centrales de douze ans en moyenne, malgré la résistance de l'opinion publique à qui un précédent gouvernement SPD-Verts avait promis «la sortie du nucléaire» à l'horizon 2020.

Le brutal changement de cap de Mme Merkel a été perçu comme une manoeuvre électoraliste et sa crédibilité sérieusement entamée.

La défaite attendue dans le Bade-Wurtemberg réduira la marge de manoeuvre de la coalition conservateurs-libéraux au Bundesrat, chambre haute du parlement où sont représentés les Länder, sans pour autant menacer son mandat qui court jusqu'en 2013.

Quelque 10,8 millions d'électeurs sont appelés aux urnes dans les deux Länder. Les bureaux de vote doivent ouvrir à 8 h locales (6 h GMT) et fermer à 18 h (16 h GMT). Les premiers résultats provisoires doivent tomber peu après.