Sauver Berlusconi à tout prix. C'est le mot d'ordre que se sont donné certains de ses partisans, qui vont notamment tenter de faire adopter demain un projet de loi visant à empêcher qu'il soit traduit en justice parce qu'il est... trop vieux.

Le député Luigi Vitali, député du parti Peuple pour la liberté (PDL) de M. Berlusconi, entend présenter un projet de loi qui réduirait de moitié le délai de prescription d'un crime commis par une personne âgée de 65 ans ou plus. Cela ferait en sorte que le chef du gouvernement italien, de nouveau aux prises avec un scandale de moeurs, ne pourrait pas être poursuivi.

La proposition de M. Vitali permettrait également à la défense de limiter les preuves admissibles en cour - encore une fois, sous prétexte que le Cavaliere a plus de 65 ans (il en a 74). La presse a surnommé son projet de loi, qui s'arrime à une ambitieuse réforme de la justice, «décret sauve-Berlusconi».

Désavoué?

Mais l'ère de telles manoeuvres législatives pourrait bien être terminée. Le projet de loi de M. Vitali ne sera pas appuyé par le ministre de la Justice, Angelino Alfano, dauphin apparent de M. Berlusconi, selon le quotidien romain La Repubblica. Il a aussi été désavoué par l'avocat de M. Berlusconi pour la justice du Parlement italien, Niccolò Ghedini, qui est aussi député du PDL et membre de la Commission. Me Alfano présente demain au Parlement un projet de réforme judiciaire qui n'inclura pas la proposition de M. Vitali. Ce dernier a promis de la proposer directement.

«Les collaborateurs de Berlusconi sont déterminés à ce qu'il se défende lui-même en cour, cette fois», explique le politologue Franco Pavoncello, de l'Université John Cabot à Rome. «Le projet de loi de Vitali semble trop ad personam, conçu pour aider Berlusconi. Et l'un des seuls journalistes respectés qui appuient encore Berlusconi, Giuliano Ferrara, vient de lui demander publiquement de «revenir à l'esprit de 1994», quand il était entré dans l'arène électorale pour défendre sa vision de la société.»

Rubygate

La réforme de la justice, «sur le fond nécessaire depuis longtemps», selon M. Pavoncello, souffre tout de même de la controverse actuelle. Soulignant que la réforme donnerait au gouvernement le pouvoir de dicter aux procureurs le type de délits à traiter en priorité, La Repubblica a avancé que le «Rubygate», dans un tel contexte, n'aurait pu se faire jour.

Dans cette affaire, M. Berlusconi est accusé d'avoir téléphoné à une préfecture de Milan pour faire libérer une jeune femme accusée de vol, Karina el-Mahroug, dite Ruby, avec qui il est en outre soupçonné d'avoir eu des relations sexuelles alors qu'elle était mineure.

Le Rubygate a connu de nouveaux développements cette semaine. Une travailleuse sociale chargée du dossier de Ruby a confié à La Repubblica qu'elle avait été engagée par Mediaset, l'empire médiatique de M. Berlusconi. Et Noemi Letizia, dont l'amitié avec M. Berlusconi avait fait scandale quand il avait assisté à son 18e anniversaire, a annoncé dans la revue Diva qu'elle allait poursuivre Ruby pour avoir soutenu que Mme Letizia avait eu des relations sexuelles avec le premier ministre italien. De son côté, ce dernier se remet d'une opération à la mâchoire visant à effacer les dernières traces de l'attentat dont il a été victime en 2009 à Milan, quand un déséquilibré l'a frappé avec une statue.

Les médias italiens suivent Ruby à la trace: le quotidien romain, par exemple, l'a photographiée dans un bal à Vienne, où elle était invitée par un entrepreneur autrichien.