Udo Pastörs, un des leaders régionaux du Parti national-démocrate allemand (NPD), reçoit La Presse dans un confortable bureau aménagé dans un château médiéval situé à Schwerin, à quelques dizaines de kilomètres de Jamel.

Le spectaculaire immeuble, récemment rénové à grands frais, est le siège du Parlement régional de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, l'un des deux États allemands où la formation d'extrême droite a réussi à faire élire des députés.

En entrevue, il fait peu de cas des mésaventures de Sven Krüger avec la justice et des allégations qui le ciblent.

Selon M. Pastörs, il n'est pas rare que les médias régionaux et nationaux montent des histoires en épingle pour chercher à ternir l'image de son parti.

La formation est décrite comme une organisation «raciste, antisémite et révisionniste» par l'Office de protection de la Constitution allemande. Elle est fréquemment accusée de glorifier le Troisième Reich, une aberration au dire de son représentant, qui imite brièvement le salut nazi pour souligner le peu de sérieux qu'il accorde à ces accusations.

«Les médias et les partis allemands disent ça pour nous attaquer, c'est le fusil qu'ils utilisent contre le parti», note le politicien du NPD, qui se dit sûr de voir son parti faire bonne figure aux élections régionales prévues en septembre.

Interdire le parti?

Les autorités allemandes ont tenté au début des années 2000 de faire interdire le NPD, sans succès.

Uwe Wandel, maire responsable de Jamel, ne pense pas que ce serait une bonne solution. «Même si le parti était interdit, des gens continueraient quand même d'avoir des idées d'extrême droite», souligne l'élu.

Il s'irrite cependant du fait que le parti reçoive des subventions de l'État. «C'est grâce à ces fonds qu'ils peuvent construire des bâtiments comme ça», note M. Wandel, en parlant du siège de la compagnie de Sven Krüger dans la ville de Grevesmühlen, à quelques kilomètres de Jamel.

Le bâtiment, qui sert aussi de bureau local au NPD, est situé à côté du concessionnaire automobile où travaille M. Wandel. Il est entouré de hautes palissades recouvertes de barbelés et d'un minaret en bois dont l'utilité n'est guère évidente. Des chiens gardent les lieux. «Ça rappelle les camps de concentration», juge le maire.