Les conservateurs d'Angela Merkel ont perdu dimanche la ville-État de Hambourg lors du premier des sept scrutins régionaux de 2011, après une déroute qui va compliquer la tâche de la chancelière allemande.

Avec 48,3% des voix, les sociaux-démocrates (SPD, opposition fédérale) ont obtenu la majorité absolue dans la deuxième ville d'Allemagne, selon des résultats provisoires publiés vers 17h00.

L'Union démocrate-chrétienne (CDU) de Mme Merkel, toujours en tête au niveau national, ne recueille que 21,9% des suffrages, soit le plus mauvais score de son histoire à Hambourg.

Le SPD était donc assuré de reconquérir son ancien bastion abandonné à la droite il y a tout juste dix ans, après 44 ans de pouvoir.

C'est «un résultat très, très impressionnant», s'est félicité le futur maire SPD de la ville, l'ancien ministre fédéral du Travail Olaf Scholz, 52 ans. Le président du SPD, Sigmar Gabriel, a évoqué quant à lui ironiquement «un résultat historique pas seulement pour nous mais aussi pour les autres».

Depuis le dernier scrutin en 2008, la CDU a perdu près de la moitié de ses électeurs dans cette première étape de la «super année électorale» 2011.

Alors que la présidente du parti, Angela Merkel, est restée silencieuse dimanche soir, son secrétaire général Hermann Gröhe a reconnu une «défaite douloureuse», tandis que le maire sortant Christoph Ahlhaus estimait qu'il n'y «avait rien à enjoliver».

Les Verts, qui ont le vent en poupe au niveau national, ont obtenu 11,2% des voix tandis que les libéraux du FDP, partenaires minoritaires du gouvernement Merkel, entrent au parlement local avec 6,6% des suffrages. Le parti de gauche Die Linke obtient 6,4% des voix. La participation a atteint 63,5%, comme en 2008.

Bien qu'attendue, cette débâcle va compliquer la tâche de Mme Merkel car son camp perd encore trois voix au Bundesrat, la chambre haute du parlement, qui représente les Etats régionaux. Le SPD pourra bloquer nombre de projets de loi, notamment ceux qui concernent la fiscalité ou la santé.

Toutefois, soulignait pour l'AFP l'analyste politique Gerd Langguth, «c'est (certes) une catastrophe pour Merkel mais le Bundesrat dispose de fait de son propre processus de négociations», et des alliances se nouent au coup par coup.

Cette défaite annoncée dans le grand port de la mer du Nord, ville natale d'Angela Merkel, est la deuxième débâcle d'affilé pour les conservateurs depuis les législatives de 2009. En mai ils ont perdu l'État de Rhénanie du nord-Westphalie.

Les analystes estimaient toutefois que l'impact de ce revers devrait être limité au niveau national tant les enjeux locaux (endettement de la ville, augmentation des frais de garderie, etc.) ont dominé la campagne.

Ce camouflet intervient en plein remous dans le gouvernement Merkel. L'un de ses piliers, le ministre de la Défense Karl-Theodor zu Guttenberg, est accusé de plagiat pour sa thèse de doctorat en droit. Le charismatique ministre a renoncé temporairement à son titre de docteur.

A Hambourg, la CDU était en chute libre depuis la démission du maire conservateur Ole von Beust. Le départ de cette figure iconoclaste et très populaire avait entraîné la rupture de la coalition unique en Allemagne que formaient depuis 2008 la CDU et les Verts.

Ces élections se déroulaient un peu plus d'un mois avant celles très attendues dans le sud-ouest (Rhénanie-Palatinat et Bade-Wurtemberg), le 27 mars.

La CDU est menacée dans le Bade-Wurtemberg, un fief prospère et puissant qu'elle dirige depuis 58 ans.

L'année électorale devrait s'achèver en septembre à Berlin, où le SPD est menacé par les Verts.