À peine mariés, le prince William et sa femme, Kate Middleton, viendront au Canada, l'été prochain, pour une tournée qui soulève déjà la polémique au Québec.

Après son père en 2009 et sa grand-mère, la reine Élisabeth II, l'été dernier, ce sera au tour du prince William de venir en visite au pays du 30 juin au 8 juillet, a annoncé hier le gouverneur général, David Johnston, représentant de la reine au Canada.

Le prince William, fils aîné du prince Charles et de Diana Spencer, se rendra avec sa femme au Québec, en Alberta, dans les Territoires-du-Nord-Ouest, à l'Île-du-Prince-Édouard et dans la région d'Ottawa. Des arrêts à Montréal et à Québec sont aussi prévus.

À la Chambre des communes, le premier ministre Stephen Harper s'est réjoui que le couple ait choisi le Canada pour sa première visite officielle après son mariage, qui aura lieu le 29 avril: «Son Altesse Royale et mademoiselle Middleton visiteront toutes les régions, rencontreront des Canadiens de tous les horizons et expérimenteront la beauté et l'immensité de ce pays», a déclaré M. Harper, qui a invité les Canadiens à accueillir le couple royal avec «enthousiasme».

Or, dans le passé, les visites royales au Québec ont souvent soulevé l'ire des souverainistes. Déjà, un groupe indépendantiste, le Réseau de résistance du Québécois (RRQ), promet du grabuge: «Comme les militants indépendantistes du Réseau de Résistance se sont opposés avec fermeté et courage à la visite du prince Charles en 2009, ils se mobiliseront à nouveau pour réserver au prince William le traitement royal qu'il mérite. Soyez assurés que nous ferons tout en notre pouvoir pour rendre son séjour chez nous le plus désagréable possible», annonce l'organisation sur son site web.

«Pour le Réseau de résistance et les indépendantistes en général, la couronne d'Angleterre rappelle de bien tristes événements. C'est au nom de cette couronne que le Québec a été conquis et soumis par la force des armes en 1759. C'est au nom de cette même couronne que les Patriotes de 1837-1838 ont été emprisonnés, déportés et pendus», ajoute le communiqué, signé par Patrick Bourgeois, président du mouvement.

En 2009, le RRQ et le Mouvement souverainiste du Québec ont organisé une manifestation pour dénoncer la venue du prince Charles à Montréal.

Bien qu'il se dissocie catégoriquement du RRQ, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a lui aussi condamné la visite princière au Canada. «Je pense que les relents du colonialisme, on n'a pas besoin de ça, ni au Québec ni au Canada, et j'ai toujours dit que la monarchie n'est ni plus ni moins qu'une loterie génétique», a déploré M. Duceppe.

Le ministre du Patrimoine, James Moore, responsable des visites royales, s'est quant à lui dit certain que l'hospitalité des Canadiens s'illustrera «d'un océan à l'autre», y compris au Québec. Il a aussi assuré que son ministère disposait d'un budget discrétionnaire pour l'organisation de ce genre de visite et que les contribuables n'auraient rien à débourser en surplus.

«La décision du couple de choisir le Canada comme première destination témoigne de la relation étroite que notre pays entretient avec la famille royale - un lien de loyauté et d'affection qui a été illustré par les foules qui se sont déplacées pour Sa Majesté la reine Élisabeth II et Son Altesse Royale le duc d'Édimbourg l'an dernier», avait indiqué le premier ministre Harper, en matinée, par voie de communiqué.

Les visites royales sont régulières au Canada. À elle seule, la reine Élisabeth II y est venue plus de 20 fois. Mais certains séjours ont été plus remarqués que d'autres.

> En 1964, un groupe de souverainistes menace la sécurité de la reine si elle vient au Québec, ce qui amène les autorités britanniques à reconsidérer la visite. Finalement, les policiers de la Ville de Québec freinent brutalement les ardeurs de quelques centaines de manifestants.

> En 1976, toute la famille royale assiste aux Jeux olympiques de Montréal. La princesse Anne participe aux épreuves d'équitation.

> En 1982, la reine et le prince Philip visitent Ottawa pour la proclamation de la Constitution. De l'autre côté de la rivière des Outaouais, à Hull, le gouvernement de René Lévesque fulmine.

> En 1983, des foules records se massent dans les rues de plusieurs villes canadiennes pour accueillir le prince Charles et sa femme, la princesse Diana.

> En 1991, Charles et Diana viennent en visite au Canada pour la première fois avec leurs deux fils, William et Harry.

> La reine poursuit des visites régulières, notamment en 1994, 2002 et 2005.

> Plus récemment, en 2009, le prince Charles visite Montréal et est accueilli par une centaine de manifestants, ce qui retarde le programme des activités.

> À l'été 2010, la reine Élisabeth II vient au Canada pour une tournée de neuf jours, mais elle évite le Québec.