Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, englué dans le scandale sexuel Rubygate pour lequel il doit être jugé en avril, a fait contre mauvaise fortune bon coeur mercredi en affichant sa sérénité avant le procès et sa confiance dans l'alliance avec la Ligue du nord.

«Je ne suis absolument pas préoccupé», a déclaré le Cavaliere, dans un bref commentaire à son renvoi en justice à Milan le 6 avril pour des relations sexuelles rétribuées avec une mineure, Ruby, et abusé de sa fonction en la faisant libérer en mai après son interpellation pour vol présumé.

Le Cavaliere, 74 ans, a ignoré les appels à la démission venant de l'opposition de gauche tandis que son entourage serrait les rangs autour de lui. Nicole Minetti organisatrice présumée de soirées de débauche avec des prostituées chez lui a affirmé sur CNN que M. Berlusconi n'a appris que «lors de l'arrestation de Ruby» le 27 mai qu'elle était mineure, contestant des déclarations qu'aurait faites la jeune Marocaine au parquet.

Lors d'une conférence de presse avec son ministre de l'Économie Giulio Tremonti, M. Berlusconi a évité le sujet, se contentant d'une seule phrase en forme de défi.

À un journaliste qui l'interrogeait sur les conséquences pour la candidature italienne à la présidence de la Banque centrale européenne de ses démêlés judiciaires, il a lancé en latin: «compos sui», allusion au fait que son interlocuteur ne serait pas «sain d'esprit».

M. Berlusconi s'est aussi montré optimiste quant au sort du gouvernement, promettant que sa majorité s'élargira «dans quelques jours à 325 députés à la chambre» et excluant des législatives anticipées.

Les dirigeants de la Ligue dont son chef Umberto Bossi ont passé la soirée de mardi avec lui et lui ont «exprimé leur volonté de continuer» la route ensemble, a-t-il affirmé. «Nous n'avons jamais été aussi unis et décidés à poursuivre la législature jusqu'à son terme naturel», en 2013, a-t-il dit.

Même si le Cavaliere est, comme le note Stefano Folli du journal Sole 24 Ore, «un cas unique dans l'histoire récente des démocraties occidentales» de Premier ministre renvoyé en justice pour des délits à caractère sexuel, il entend «résister» à tout prix.

«Berlusconi n'a aucune intention de démissionner, son instinct lui suggère d'aiguiser l'offensive contre la magistrature», selon M. Folli, qui dit redouter «un conflit institutionnel dévastateur» entre gouvernement et juges.

Les avocats du milliardaire ont effectivement prévu de contester par tous les moyens la compétence du tribunal de Milan pour juger un Premier ministre.

M. Berlusconi dispose aussi «d'un outil, l'empêchement légitime qu'il utilisera pour se moquer de tous: je parie que le 6 avril il trouvera quelque chose pour éviter de se présenter devant les juges», a estimé le chef du parti d'opposition Italie des valeurs Antonio Di Pietro.

Les politologues redoutent une paralysie d'un gouvernement et d'une majorité complètement focalisés sur la résolution des ennuis judiciaires de M. Berlusconi, qui affrontera à partir de fin février-début mars trois procédures en plus du Rubygate.

Certes, dans les sondages, la cote de popularité du Cavaliere est au plus bas et les deux tiers des Italiens disent souhaiter qu'il quitte son poste.

Mais au parlement, depuis l'échec de la fronde de son ex-allié Gianfranco Fini et d'un vote de censure contre lui le 14 décembre dernier, Silvio Berlusconi a récupéré des forces. Un récent vote à la Chambre des députés a démontré qu'il avait de nouveau la majorité absolue (316 voix).

Et un congrès le week-end dernier des partisans de M. Fini, destiné à porter sur les fonts baptismaux son parti Futur et Liberté pour l'Italie, s'est terminé en luttes intestines autour de diverses nominations, à la grande satisfaction du Cavaliere.