La police helvétique a confirmé vendredi que Matthias Schepp, le père des jumelles suisses de six ans disparues, avait envoyé depuis le sud de l'Italie une lettre à sa femme peu avant de se suicider dans laquelle il déclare avoir tué ses filles.    

La nouvelle a jeté un froid sur les espoirs de retrouver les deux petites blondes vivantes alors que les recherches se poursuivaient en Corse où elles ont, semble-t-il, été vues pour la dernière fois le 1er février.

Dans un point de presse, la police cantonale vaudoise a expliqué avoir «pris connaissance le mardi 8 février de huit lettres envoyées par le père des jumelles» à son épouse.

Sept enveloppes contenaient des coupures de 50 euros pour un montant de 4 400 euros.

«La dernière enveloppe datée du jeudi 3 février contenait une lettre dans laquelle le père déclare avoir tué ses deux filles et se trouver à Cerignola (sud de l'Italie, ndlr) où il va se donner la mort», a poursuivi le porte-parole de la police vaudoise, Jean-Christophe Sauterel.

Elle a «vraisemblablement été rédigée quelques heures ou quelques dizaines de minutes avant son décès».

Dans ce courrier, il dit encore «qu'elles n'ont pas souffert et qu'elles demeurent en paix», a ajouté le porte-parole.

La police italienne a également découvert deux autres enveloppes, déposées dans une boîte aux lettres non desservie, contenant 1 500 euros.

M. Sauterel a par ailleurs précisé que cette lettre n'était pas son testament, rédigé le 27 janvier et dans lequel «il n'y a pas d'information sur ce qu'il veut faire aux filles».

Matthias Schepp, séparé de la mère italienne d'Alessia et Livia, les a enlevées le 30 janvier alors qu'il en avait la garde pour un week-end à son domicile dans le canton de Vaud, en Suisse.

Après un périple de 5 jours, il s'est jeté sous un train cinq jours plus tard à Cerignola, dans le sud de l'Italie.

Depuis, les polices française, italienne et suisse tentent de recomposer le casse-tête de son expédition.

En France, l'enquête a permis de déterminer que le trio s'est rendu le 31 janvier à Marseille, d'où le père a retiré de l'argent et envoyé une carte postale à sa femme. Le soir même, ils ont embarqués sur un navire à destination de la Corse.

Ils ont tous trois débarqué le 1er février au matin à Propriano (sud-ouest de l'île).

«Selon les témoignages qui sont actuellement en cours d'analyse, les jumelles ont été vues sur l'île», a indiqué M. Sauterel, selon lequel «très vraisemblablement, elles doivent se trouver en Corse».

Car il a été établi que le père a repris seul un ferry depuis Bastia à 21h00 le ramenant sur Toulon. Il a alors envoyé une lettre à sa femme.

Depuis Toulon, Matthias Schepp est parti pour l'Italie probablement en voiture, faisant une escale dans la région de Naples avant de finir sa course à Cerignola.

Mais «il reste une zone d'ombre très importante sur ce qui s'est passé en Corse», a insisté M. Sauterel indiquant que deux policiers suisses se rendraient en Corse samedi où se concentre désormais l'enquête.

Par ailleurs, il est apparu ces derniers jours que le père avait en partie «planifié» le voyage. Son ordinateur a permis d'établir qu'il avait consulté les horaires des ferries pour la Corse mais aussi des sites traitant d'empoisonnement, de suicide et d'armes à feu, laissant présager le pire.

«C'est une situation particulièrement difficile pour la famille», a insisté M. Sauterel. Mais «aujourd'hui nous n'avons aucune certitude, nous ne savons pas si les jumelles Alessia et Livia sont en vie ou malheureusement décédées», a-t-il déclaré, laissant la porte ouverte à un espoir qui se réduit pourtant chaque jour.

Un témoignage est venu toutefois semer le doute vendredi: une dame âgée de Propriano a affirmé avoir vu le trio, en compagnie d'une «femme aux cheveux clairs d'une cinquantaine d'années», relançant la piste d'un éventuel complice.