Les spéculations sur l'état de santé de l'ancien président français Jacques Chirac et sa capacité à comparaître cette année dans une affaire d'emplois fictifs quand il était maire de Paris, ont été relancées dimanche, à la veille d'une audience judiciaire technique.

Lundi, le tribunal de grande instance de Paris doit confirmer que les deux enquêtes distinctes visant l'ancien président (1995-2007) pour ces présumés emplois de complaisance seront bien jugées en même temps en mars.

Les avocats de Jacques Chirac, 78 ans, pourraient en profiter pour demander «un renvoi de quelques mois du procès», avait affirmé il y a une semaine le journal Le Monde, relançant les spéculations sur l'état de santé de l'ex-président, très populaire en France et dont les moindres faits et gestes sont scrutés par les médias.

À la veille de l'audience, l'hebdomadaire Le Journal du Dimanche consacre deux pleines pages sur «la grande épreuve» qui attend Jacques Chirac, incluant une «enquête sur l'état de santé» de l'ancien chef de l'État.

Dans cet article, un «proche» dit être sorti «triste» d'un entretien avec «l'ombre du grand Chirac qu'(il) a connu». Devant lui, l'épouse de M. Chirac, Bernadette «a prononcé le mot d'Alzheimer».

Mais l'entourage de Jacques Chirac conteste officiellement les problèmes de santé de l'ancien chef de l'État qui, depuis son accident vasculaire cérébral en 2005, a la démarche hésitante.

«On ne sort pas indemne d'un tel accident», fait valoir un de ses proches, en soulignant que l'ancien président ne souffre d'aucune paralysie, contrairement à nombre de victimes d'AVC.

Mais plusieurs de ses visiteurs admettent, sous couvert de l'anonymat, qu'il a des «absences», des «pertes de mémoire», qu'il «lui arrive de ne pas reconnaître les gens, même des proches».

Dans ce contexte, le procès de Jacques Chirac, prévu devant le tribunal correctionnel de Paris du 7 mars au 8 avril, sera très suivi par les médias.

L'ancien président est soupçonné d'avoir permis que des personnes travaillant essentiellement pour son parti politique soient rémunérées par la Ville de Paris, à l'époque il en était maire (1977-1995).

Protégé par son statut de chef de l'État, il n'avait pas été jugé lors d'un précédent procès sur cette affaire qui avait débouché en 2004 sur plusieurs condamnations.

Renvoyé pour «détournements de fonds publics» et «abus de confiance», Jacques Chirac encourt en théorie 10 ans de prison et 150 000 euros d'amende. Mais la pression judiciaire s'est atténuée car l'ancien président va se retrouver à un procès sans victime, après un accord financier passé avec la mairie de Paris, et sans accusation puisque le parquet avait auparavant réclamé un non-lieu.