Les images, d'une barbarie extrême, sont insoutenables. N'était qu'elles ont été filmées avec un téléphone cellulaire, on jurerait qu'elles appartiennent à une autre époque. Cela s'est pourtant bel et bien passé en août. La lapidation d'un homme et d'une femme qui se sont aimés et qui ont été lapidés, sans savoir que leurs derniers moments, dans le fin fond du nord de l'Afghanistan, feraient le tour du monde.

Suddiqa avait fui un époux qui lui avait été imposé et Khayyam avait laissé derrière lui une femme et deux enfants. Adultères, ils se savaient menacés et s'étaient enfuis au Pakistan. Mais rentrez donc au pays, leur avaient conseillé les vieux de leur village de Kunduz, les assurant qu'ils n'avaient rien à craindre et que leur vie n'était pas menacée.

Erreur. Une fois de retour au pays, des talibans sont allés les cueillir chez eux, ont tenu un procès bidon au terme duquel ils ont été condamnés à être exécutés pour adultère.

La scène est ignoble. On la voit, elle, ou, en fait, on l'imagine, revêtue qu'elle est des pieds à la tête d'une burqa bleu royal. La voilà, enterrée jusqu'à la taille, dans un trou creusé dans une terre sablonneuse et aride.

Deux mollahs lisent sa condamnation, puis le signal est donné. Des dizaines de pierres, lancées par de nombreux hommes, sont lancées avec force. Un gros plan est fait sur un homme portant une énorme pierre et affichant un large sourire.

Pour l'achever, des coups de fusil sont tirés. Un AK-47, semble-t-il.

La burqa bleue vire au rouge sang.

Au tour du jeune homme, maintenant. On le voit arriver, les mains liées, escorté par trois talibans. Il porte une tunique blanche et un foulard dont on se servira pour lui bander les yeux. Il se recroqueville, dans l'espoir vain d'avoir la vie sauve et d'échapper à la frappe des pierres qui l'assaillent bientôt.

Traduits en justice?

Après voir visionné la vidéo, la police régionale dit aujourd'hui que les gens à l'origine de cette lapidation -très facilement identifiables- seront traduits devant la justice. Jusqu'ici, aucune arrestation n'a eu lieu.

À la BBC, le porte-parole des talibans, Zabiullah Mujahid, a déclaré: «Quiconque connaît l'islam sait que la lapidation fait partie de la loi coranique. Il s'en trouvera pour croire que c'est inhumain, mais en le disant, ils insultent le prophète.»

Ahmed Nader Nadery, qui travaille à la Commission indépendante des droits de l'homme et qui, lui, a vu la vidéo non censurée, conclut: «Le gouvernement afghan et la communauté internationale ont échoué à combattre ces crimes horribles. Tout cela est arrivé, faut-il noter, à un moment où la communauté internationale discutait de son retrait du pays et de l'échéancier de ce retrait.»

Avec la BBC et ABC