Le premier ministre russe, Vladimir Poutine, a promis lundi le «châtiment» des coupables de l'attentat qui a fait 35 morts la veille à l'aéroport de Moscou-Domodedevo, les autorités s'orientant clairement vers la piste des rebelles islamistes du Caucase du Nord.

«Je n'ai aucun doute que le crime sera élucidé et que le châtiment (des coupables) est inévitable», a déclaré M. Poutine au cours d'une réunion du gouvernement, dénonçant un acte «cruel et insensé».

Le président Dmitri Medvedev a de son côté ordonné aux autorités de «tout faire pour que les bandits qui ont commis ce crime soient identifiés, arrêtés et traduits en justice, et que les repaires de ces bandits soient liquidés».

«Le terrorisme reste la principale menace pour la sécurité de notre État», a averti le chef de l'État, ordonnant au Service fédéral de sécurité (FSB) d'accorder un «maximum d'attention» à la sécurité, notamment en vue des jeux Olympiques de Sotchi en 2014.

Alors que les autorités étaient critiquées par l'opposition libérale et communiste ainsi que sur la blogosphère pour leur incapacité à empêcher la répétition des actes terroristes, M. Medvedev a aussi imputé la responsabilité de l'attentat à l'absence de respect des règles de sécurité à l'aéroport de Domodedovo.

«Les témoignages venant de la scène du crime nous montrent que c'était l'anarchie. Les gens étaient autorisés à entrer n'importe où», a déploré M. Medvedev.

Selon des sources policières, de cinq à sept kilogrammes d'équivalent-TNT ont été utilisés pour perpétrer cet attentat dans la salle des arrivées internationales de Domodedovo, premier aéroport russe avec environ 22 millions de passagers en 2010.

L'aéroport a nié avoir une quelconque responsabilité dans le drame, affirmant que «toutes les exigences en matière de sécurité aérienne» avaient été observées.

C'est de Domodedovo qu'avaient décollé en août 2004 deux avions de ligne que deux femmes kamikazes originaires du Caucase du Nord avaient fait exploser peu après, faisant 90 morts. L'enquête avait révélé qu'elles avaient soudoyé les services de sécurité.

L'attentat lundi a probablement été commis par une femme kamikaze accompagnée d'un complice, un mode opératoire «habituel» pour les rebelles du Caucase du Nord, selon une source policière citée par l'agence officielle RIÀ Novosti.

«La terroriste était accompagnée d'un homme, qui se trouvait à ses côtés et a eu la tête arrachée par l'explosion», a expliqué cette source, selon laquelle la bombe avait pu être «déclenchée à distance».

D'autres sources ont évoqué depuis lundi soir la piste du Caucase du Nord, cette région du sud-ouest de la Russie où s'est propagée une rébellion armée d'inspiration islamiste, après les deux guerres livrées par les forces russes depuis 1994 dans la petite république de Tchétchénie.

Une autre source policière avait affirmé lundi que la tête d'un auteur présumé de l'attentat, «un homme de type arabe âgé de 30-35 ans», avait été trouvée sur les lieux de l'attentat.

Les autorités russes accusent régulièrement des combattants arabes de soutenir sur le terrain la rébellion qui mine le Caucase russe.

Les pays du G8 ont affiché mardi leur «détermination à combattre et empêcher le terrorisme et l'extrémisme violent».

Le pape Benoît XVI a exprimé sa «profonde douleur».

Au moins huit étrangers, parmi lesquels deux Britanniques, un Allemand et un Bulgare, figurent sur la liste préliminaire des personnes tuées.

Quarante-trois des 110 personnes hospitalisées lundi étaient mardi dans un état grave ou critique, selon un dernier bilan.

Une journée de deuil a été décrétée mercredi dans la capitale russe.

«Compte tenu des problèmes récurrents que nous rencontrons dans ce pays - corruption, absence de justice, tensions sociales - les actes de terrorisme vont se poursuivre», a averti de son côté le vice-président de la commission de sécurité de la chambre basse du Parlement russe, Guennadi Goudkov, par ailleurs colonel du FSB.

À la suite de l'attentat, les mesures de sécurité ont été renforcées dans les transports publics à Moscou, en particulier dans le métro.

Deux attentats suicide revendiqués par la rébellion du Caucase avaient fait 40 morts en mars 2010 dans le métro de Moscou, notamment à la station Loubianka, face au siège du FSB.