Après les oeufs, le scandale de la contamination à la dioxine en Allemagne a atteint la viande de porc et des centaines de bêtes devront être abattues, ont annoncé mardi les autorités.

L'affaire avait éclaté la semaine dernière avec la découverte d'oeufs contaminés à la dioxine, dans des élevages du nord du pays. Trois poules pondeuses avaient été testées positives à la dioxine.

Au plus fort de la crise, 4700 exploitations agricoles, sur les 375 000 que compte l'Allemagne, avaient été temporairement fermées pendant que des tests étaient effectués. Mardi soir, seulement 490 d'entre elles restaient fermées, selon le ministère fédéral de l'Agriculture.

«Un test sur de la viande (de porc) a fait apparaître un taux de dioxine élevé» dans l'une des fermes encore fermées, a indiqué à l'AFP un porte-parole du ministère de la Consommation de Basse-Saxe.

La viande de cette exploitation a été déclarée non commercialisable. «Les animaux vont devoir tous être abattus et leurs carcasses seront brûlées», a ajouté le porte-parole.

Cette mesure drastique correspond au souhait émis lundi par la Commission européenne, pour que l'Allemagne restaure la confiance de ses partenaires.

La Corée du sud avait annoncé dès samedi qu'elle suspendait ses importations de viande de porc allemand. La Russie a également renforcé les contrôles sur la viande importée d'Allemagne, tandis que la Slovaquie suspendait la vente d'oeufs et de volailles allemands.

Ces examens ont été effectués dans un élevage client de la société Harles und Jentzsch, dans le collimateur des autorités publiques depuis le début du scandale, a-t-il précisé.

Cette firme est soupçonnée d'avoir utilisé un lot de graisses à usage industriel contenant de la dioxine, pour fabriquer 3000 tonnes de graisses destinées à l'alimentation animale.

Ces graisses ont été livrées à 25 clients qui les ont utilisées pour produire 150 000 tonnes de compléments alimentaires pour animaux, livrées dans toute l'Allemagne.

Les analyses réalisées jusqu'à ce jour ont montré que les élevages de poules pondeuses et de porcs sont les plus touchés, parce que leurs aliments composés contiennent de forts pourcentages de graisses, a expliqué la Commission européenne.

En Allemagne, la consommation d'oeufs a baissé mais la demande d'oeufs bio s'est envolée. «Les gens recherchent davantage les oeufs bio» qui ne sont pas concernés par cette nouvelle crise alimentaire, a indiqué à l'AFP Margit Beck de l'institut d'études des marchés de la volaille et des oeufs MEG.

La contamination n'a en revanche pas franchi les frontières allemandes. Des oeufs livrés début décembre aux Pays-Bas avaient «des taux de dioxine inférieurs aux normes de l'UE», a déclaré le porte-parole du Commissaire à la santé John Dalli. Et «il est plus que vraisemblable que les produits livrés au Royaume-Uni avaient des taux inférieurs aux taux autorisés».

La Commission européenne a annoncé mardi qu'elle envisageait de réglementer les activités des fabricants de compléments alimentaires pour animaux afin de mettre un terme aux contaminations à la dioxine et rassurer les consommateurs.

Bruxelles a laissé jusqu'à fin janvier aux industriels pour revenir avec des propositions, avant d'envisager des mesures contraignantes.

«Quatre fois en dix ans, c'est suffisant», a lancé le porte-parole, en référence aux contaminations à la dioxine de 2003 en Allemagne, de 2006 en Belgique, de 2008 en Irlande et de 2010 en Allemagne.