Le scandale de la dioxine s'est encore étendu vendredi en Allemagne, où plus de 4700 exploitations agricoles étaient fermées par précaution et Berlin soupçonne que l'affaire a une origine «criminelle».

4709 exploitations agricoles sur environ 375.000 dans le pays ont été fermées par précaution dans huit États régionaux sur seize, a annoncé le ministère de l'Agriculture.

L'écrasante majorité des entreprises touchées se trouve en Basse-Saxe, où la société Harles und Jentzsch a livré en novembre et décembre des graisses contaminées destinées à la fabrication d'aliments pour animaux à l'origine du scandale.

La mesure frappe surtout des élevages porcins, mais aussi des entreprises laitières, et durera jusqu'à ce que soit prouvée l'absence de contamination dans leurs produits.

Au vu des indices disponibles, le ministère soupçonne «une haute dose d'agissements criminels», a déclaré un porte-parole.

Une enquête judiciaire est en cours visant Harles und Jentzsch, société dont le siège est à Uetersen. «Nous n'avons pas utilisé de graisses non autorisées», s'est défendu son patron, Siegfried Sievert, dans une interview accordée à la télévision allemande Spiegel TV qui doit être diffusée dimanche.

Il a affirmé ne pas savoir d'où venait la contamination à la dioxine, ajoutant que la firme était en train de faire des examens et «travaillait en étroite collaboration avec les autorités».

La cause de la contamination est toujours inconnue. Mais les autorités ne croient pas à une simple erreur de manipulation. «Dans de telles quantités, cela ne peut pas être une erreur», a déclaré un responsable des autorités de Basse-Saxe, Konrad Scholz.

Jusqu'à 150 000 tonnes d'aliments pour animaux ont pu être contaminées à la dioxine, d'après Berlin.

Ce résidu de combustion industrielle ou naturelle peut, à haute dose, provoquer le cancer. Selon Berlin, dans le cas présent, il n'y a aucun risque pour la santé des consommateurs.

Des analyses de laboratoire ont confirmé une contamination à la dioxine, avec par endroits des taux 78 fois supérieurs à la norme, des graisses alimentaires fabriquées par Harles und Jentzsch, qui produit également des graisses destinées à l'industrie.

100 000 oeufs ont déjà été détruits en début de semaine en Basse-Saxe.

Depuis, la traque aux oeufs contaminés s'est étendue aux Pays-Bas, où 136 000 oeufs suspects avaient été importés d'Allemagne, et à la Grande-Bretagne, où des gâteaux et quiches à base de ces oeufs ont été pour la plupart déjà vendus en grandes surfaces.

L'Agence de sécurité des aliments du Royaume-Uni (FSA) a écarté un risque pour la santé des consommateurs britanniques, comme l'ont fait les autorités sanitaires allemandes et néerlandaises.

Entre-temps, les autorités ont confirmé qu'Harles und Jentzsch était au courant depuis mars d'une contamination de ses produits.

Une analyse avait révélé un taux de dioxine plus de deux fois supérieur à la norme, mais ces résultats n'ont pas été communiqués aux autorités compétentes avant décembre.

Le ministère de l'Agriculture a mis en place un numéro d'appel pour informer les citoyens allemands, dont la consommation d'oeufs fléchit.

La ministre, Ilse Aigner, qui doit rencontrer des représentants du monde agricole lundi pour évoquer les conséquences du scandale, a proposé de meilleures règles européennes en matière de protection de la chaîne de production alimentaire.