Faut-il «déverrouiller» la semaine de 35 heures? Le débat sur le temps de travail en France vient d'être relancé par un prétendant socialiste à la prochaine élection présidentielle. De quoi réjouir les troupes de Nicolas Sarkozy, nous explique notre correspondant.

Le Parti socialiste voit d'un très mauvais oeil toute remise en cause de la semaine de travail de 35 heures. Et ce n'est pas l'approche de l'élection présidentielle de 2012 qui changera quoi que ce soit à ce sujet.

Manuel Valls, qui aspire à représenter le parti au scrutin, vient de recevoir une volée de bois vert pour avoir critiqué publiquement cette mesure controversée, mise en place par la gauche à la fin des années 90.

Le député de l'Essonne a déclaré au cours de la fin de semaine qu'il fallait «déverrouiller les 35 heures» pour améliorer la compétitivité des entreprises du pays et permettre aux Français de «travailler plus» sans avoir recours aux heures supplémentaires.

«Est-ce que, dans le monde tel qu'il est aujourd'hui, avec la concurrence que nous connaissons, nous pouvons nous permettre d'être sur des idées des années 70, 80 et 90? Non!» a-t-il déclaré.

Plusieurs ténors socialistes l'ont accusé de vouloir se faire de la publicité: «Le problème, pour ces personnages-là, ce n'est pas de faire des propositions, c'est de faire du buzz médiatique», a notamment déclaré Henri Emmanuelli, qui reproche à M. Valls de faire le jeu de la droite.

«Un combat d'arrière-garde»

Le porte-parole du Parti socialiste, Benoît Hamon, a déclaré pour sa part que «tout ce qui remet en cause la réduction du temps de travail est un combat d'arrière-garde», préjudiciable tant à la formation socialiste qu'à la population.

Il a déclaré qu'il était nécessaire de «reverrouiller les ego pour qu'on pense davantage aux solutions d'avenir qui concernent les Français» plutôt qu'à «son propre avenir».

Malgré les critiques, Manuel Valls a réitéré ses réserves, hier, lors d'une entrevue à la radio. Selon lui, il ne faut pas hésiter à «bousculer les idées préconçues et les tabous». «Le rôle des responsables politiques, notamment à gauche, c'est de faire preuve d'inventivité et de formuler de nouvelles propositions» qui se distinguent du passé, a-t-il souligné.

Il a dit espérer que les primaires prévues pour choisir le candidat socialiste mèneront à de véritables débats idéologiques plutôt qu'à un simple «choix de personnalité». Les ténors du Parti socialiste doivent se réunir la semaine prochaine pour fixer les modalités du processus de sélection, dont le lancement est prévu à l'automne.

Faute de plaire à ses collègues, M. Valls a tout de même fait les délices de la droite qui, sans aller jusqu'à abroger la loi des 35 heures, a introduit diverses modifications législatives au fil des ans pour en limiter l'application.

Selon une récente étude, les Français travaillent en moyenne 39,4 heures par semaine - heures supplémentaires incluses- alors que la moyenne des pays membres de l'Union européenne est de 40,4 heures.

Le chef du parti de la majorité gouvernementale, Jean-François Copé, a salué le «courage» de l'élu socialiste et s'est dit convaincu que la question de savoir comment on peut «travailler plus et surtout travailler mieux» sera centrale au scrutin de 2012.

Selon le quotidien Le Monde, le président Sarkozy n'a cependant pas l'intention de rouvrir le dossier par crainte de heurter l'opinion publique. En 2009, il avait déclaré que la loi sur les 35 heures avait «marqué la baisse de la compétitivité française dans le monde» et «provoqué un système d'assistanat qui a laissé croire qu'on pouvait se libérer et gagner son autonomie hors du travail».