Bien que le trafic aérien et ferroviaire soit revenu à la normale, la neige demeure un sujet chaud en France, et les autorités multiplient les déclarations pour souligner leur volonté d'éviter toute répétition des scènes chaotiques des dernières semaines.

La ministre des Transports, Nathalie Kosciusko-Morizet, a déclaré dimanche que s'il s'avère que des dirigeants ont manqué à leurs responsabilités, ils recevront des sanctions.

Elle a notamment demandé une enquête sur les problèmes survenus à l'aéroport Charles-de-Gaulle, où des milliers de passagers ont été laissés en plan. Le gouvernement veut connaître les raisons des problèmes qu'on a connus dans le dégivrage des avions. Mme Kosciusko-Morizet vise aussi les compagnies aériennes qui se sont montrées les plus laxistes dans la prise en charge des passagers touchés par des retards ou des annulations. Elle croit qu'il est possible de «faire beaucoup mieux» en la matière.

La Société nationale des chemins de fer doit aussi rendre des comptes à la ministre, en particulier au sujet d'un train en provenance de Strasbourg qui a connu 12 heures de retard. Une réunion est prévue le 13 janvier avec le secrétaire d'État aux transports, Thierry Mariani, et les principaux acteurs du secteur des transports pour faire le point et décider des suites à donner aux enquêtes.

Promesses de Sarkozy

La ministre a fait ces déclarations après que Nicolas Sarkozy eut promis, lors d'une rencontre à l'Élysée, de remédier aux problèmes constatés dans les transports.

Il a prévenu qu'il n'était pas question pour autant de se lancer dans l'acquisition de matériel de déneigement. «Nous ne sommes naturellement pas un pays du cercle polaire, il ne s'agit pas de nous équiper en matériel coûteux qui ne servirait qu'en de très rares occasions», a-t-il souligné.

Le président répondait indirectement au Parti socialiste, qui voit dans les problèmes des dernières semaines une illustration du «délabrement» du réseau de transports publics. Dans un communiqué, le secrétaire national du PS aux transports, Bernard Soulage, a réclamé le lancement d'un «plan massif d'investissements» pour corriger le «manque de personnel et de moyens». «Les perturbations climatiques certes importantes, mais largement prévisibles ne peuvent servir d'excuses à ces nouveaux déblocages», a souligné l'élu de gauche.

Encore de la neige

Plusieurs syndicats ont aussi montré du doigt les coupes imposées par l'État pour expliquer le chaos provoqué, quelques jours avant Noël, par la chute d'une dizaine de centimètres de neige dans la région parisienne.

Des centaines, voire des milliers d'automobilistes ont été contraints d'abandonner leur voiture sur les autoroutes enneigées pour dormir à l'hôtel ou dans des refuges d'urgence. Le lendemain, les médias ont pris à partie le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, qui avait assuré qu'il n'y avait pas de pagaille. Le premier ministre François Fillon, de son côté, a accusé les météorologues de Météo France d'avoir minimisé l'importance des précipitations à venir.

Ces derniers, qui se sont défendus d'avoir erré dans leurs prévisions, annoncent de nouvelles chutes de neige et du verglas dans les prochains jours, ce qui pourrait donner d'autres maux de tête aux autorités et aux automobilistes.

Certains observateurs font remarquer que la France a pourtant déjà connu des hivers beaucoup plus rigoureux. «Les pouvoirs publics, pour satisfaire ces usagers en manque d'assistance permanente, doivent-ils faire voter une loi interdisant aux intempéries, surtout la neige et le verglas, de sévir à l'intérieur de la grande région parisienne?» a ironisé hier un lecteur du journal régional L'Union.