Rome était en état d'alerte à la veille de Noël, après l'explosion jeudi de colis piégés dans les ambassades de Suisse et du Chili, revendiquée par une fédération anarchiste, proche de groupes extrémistes grecs.

Sièges du gouvernement et du parlement, ministères et services postaux ont été placés sous haute surveillance après les explosions qui ont fait deux blessés, tandis qu'une série de fausses alertes était signalée dans trois ambassades et d'autres bâtiments officiels.

«Les contrôles autour des points sensibles ont été renforcés. Les personnels des ambassades et consulats sont en alerte et ont pour consigne de nous appeler s'ils trouvent des colis suspects», a déclaré à l'AFP un porte-parole des carabiniers.

Les deux blessés ont été opérés dans la soirée de jeudi. Le Suisse, un homme de 53 ans, risque l'amputation d'une main. L'employé chilien a perdu deux doigts dans l'attentat et a été blessé à la poitrine et à l'oeil.

Ces deux attentats ont été revendiqués par la Fédération anarchiste informelle (FAI) dans un message retrouvé sur le lieu de l'attentat à l'ambassade du Chili.

«Nous avons décidé de faire entendre notre voix, avec les paroles et les faits. Détruisons ce système de domination. Vive la FAI, vive l'anarchie. Fédération anarchiste informelle, cellule révolutionnaire Lambros Fountas», indique le bref message qui se trouve aux mains de la police antiterroriste.

Lambros Fountas est un Grec anarchiste tué en mars à Athènes dans un affrontement avec la police.

Dans le message, le groupe exprime également sa solidarité avec «des camarades en prison» et d'autres groupes anarchistes en Argentine, au Chili, en Grèce, au Mexique et en Espagne.

Les enquêteurs italiens ont estimé vendredi «crédible» la revendication faite par la FAI en raison de l'utilisation pour les colis piégés de cassettes vidéo remplies d'explosif et des fragments de métaux, typique pour les groupes violents d'anarchistes.

«Les cibles n'ont pas été choisies au hasard», a déclaré un responsable du ministère de l'Intérieur, Alfredo Mantovano, au quotidien Il Giornale.

Selon lui, la Suisse a été visée parce que plusieurs anarchistes italiens s'y trouvent emprisonnés, tandis qu'au Chili, un anarchiste est mort dans l'explosion d'une bombe l'an dernier.

Alors que le parquet de Rome a ouvert une information judiciaire pour «attentat à finalité terroriste», le ministre italien de l'Intérieur Roberto Maroni avait privilégié rapidement «la piste anarchiste insurrectionnelle», notamment en raison «d'épisodes similaires qui se sont produits en novembre dernier en Grèce».

Quatorze paquets avaient alors été adressés à des dirigeants européens, dont Angela Merkel, Silvio Berlusconi et Nicolas Sarkozy, et d'autres institutions et ambassades européennes. Ces attentats, qui avaient fait un blessé, avaient été imputés par la police grecque à des extrémistes anarchistes locaux.

A Athènes, le porte-parole de la police, Thanassis Kokkalakis, a toutefois indiqué vendredi «qu'il n'y (avait) pas d'indications sur une implication grecque dans l'expédition de ces colis» (de jeudi).

«Il semble s'agir d'une mesure de solidarité», a-t-il ajouté, précisant toutefois que les investigations se poursuivent.

Ce n'est de toute façon pas la première fois que des anarchistes opèrent de façon violente en Italie.

Durant la période de Noël en 2003, ils avaient ainsi fait exploser deux bombes à Bologne (centre nord) près du domicile de Romano Prodi, alors président de la Commission européenne.

Dans les années qui ont suivi, ils s'en sont pris en priorité aux forces de l'ordre.